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Expositions

© Création affiche : Jean-Michel
Bonnemoy

Clermont-Ferrand, pionnier de la vidéo

«Vidéoformes» accueille la création contemporaine du 19 au 23 mars. Gabriel Soucheyre, son directeur et fondateur, nous parle du festival.

Comment est né «Vidéoformes» ?
Gabriel Soucheyre. «Vidéoformes» est né en 1986. Les nouvelles technologies étaient alors représentées par la vidéo. On ne parlait même pas encore de nouvelles technologies. Pour moi, la vidéo était porteuse de formes nouvelles, d’où le nom de l’événement. Avant l’arrivée de ce nouveau média, tourner le moindre sujet nécessitait la machinerie lourde du cinéma. La vidéo a apporté beaucoup de fraîcheur. Le nombre de personnes réalisant des films a considérablement augmenté. Avec l’avènement du numérique depuis cinq-six ans, le nombre s’est multiplié par 1000, 10 000 voire 1 000 000.

A-t-il été difficile de convaincre les élus locaux ?
Gabriel Soucheyre. Nous avons débuté par un spectacle qui comportait des images infographiques, les premières ! Les gens sont venus avec des caméras vidéo et c’est ainsi que tout a débuté. La première année nous avons été largement déficitaires. Par la suite, les politiques nous ont aidés. En cinq ans, le festival a acquis une notoriété. En 1989, nous avons organisé la première rétrospective en Europe consacrée à Gary Hill.

Comment le festival est-il financé ? Quel est son budget ?
Gabriel Soucheyre. Nous avons un budget de 305 000 € (2 000 000 de FF) par an. Cela englobe le festival, qui est en quelque sorte le moteur, mais aussi d’autres activités. Nous publions depuis 1993 une revue trimestrielle «Turbulences vidéo». La galerie L’art du Temps, une ancienne chapelle de 200 mètres carrés reconvertie en espace d’exposition, accueille des artistes comme Nam June Paik, Dominique Belloir, Jérôme Lefdup, Bill Viola ou Thierry Kuntzel. L’Etat nous finance à hauteur de 25 %. La ville est notre deuxième partenaire. Elle nous fournit de nombreux services techniques, de la main-d’œuvre... Nous recevons une certaine somme des conseils régional et général. Enfin, nous sommes très dépendants de partenaires privés, qui ne nous donnent pas de financements, mais un savoir-faire technique indispensable : du matériel, du personnel.


© Photo: Elastic (Alexandro Ladaga,
Silvia Manteiga), Eye Recorder
Quel est le public de «Vidéoformes» ?
Gabriel Soucheyre. Nous accueillons un certain nombre de connaisseurs : des commissaires d’exposition français et étrangers ou des artistes. Arte, par exemple, vient tous les ans et nous achète des films. 30 % des films vidéos diffusés sur cette chaîne viennent de «Vidéoformes». Nous réalisons depuis quelques années 12 000 à 15 000 entrées. La première édition avait fait 1500 à 2000 entrées ! Le public local s'intéresse particulièrement aux expositions. Nous organisons des actions pédagogiques. Nous avons des visiteurs curieux et informés, mais aussi des acteurs, qui participent au concours vidéo.

Quels sont les temps forts de «Vidéoformes 2002» ?
Gabriel Soucheyre. Sur les quatre jours de festival, nous avons huit programmes en compétition, qui représentent l’actualité de la vidéo internationale. Nous comptons des invités comme Bill Viola, Alain Fleischer, Pierrick Sorin. Cette année, nous donnons carte blanche à Eric Deneuville, le directeur de l'Espace Croisé à Roubaix. Comme tous les ans, dans «Carnets de voyage» nous proposons la découverte d’un pays à travers un vidéaste. Pour cette édition, il s’agit de l’Afrique du Sud vue par l’artiste Clive van den Berg. La vidéo danse tient une place importante. La 4e Nuit des Arts Électroniques aura lieu le 23 mars et sera retransmise en direct sur internet. La deuxième articulation du festival consiste en des expositions, présentées jusqu’au 7 avril. Nous souhaitons attirer l’attention du public et des journalistes sur de jeunes artistes que nous produisons ou coproduisons. Nous lançons, par exemple, Antonella Bussanich ou Anne-Marie Rognon, qui proposent des installations multimédia.


 Laure Desthieux
19.03.2002