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Masque Nô © Brian Harkins


© Theresa Mc Collough


Vents d’Asie sur Manhattan

En quelques années, la semaine asiatique de New York s’est imposée comme l'un des principaux rendez-vous d’art extrême-oriental. Au centre de la manifestation, l'International Asian Art Fair ouvre aujourd'hui.

L’International Asian Art Fair, créé en 1996, ouvre aujourd’hui sa sixième édition. «A l’origine, explique Anna Haughton, qui en est la créatrice avec son mari Brian, il s’agissait de prendre la suite de Hong Kong, rendu à la Chine populaire, comme capitale mondiale des arts d’Orient. L’intérêt pour l’Asie est très fort à New York, ce qui explique le succès de la manifestation, qui attire chaque année environ 15 000 visiteurs.» La restitution de l’Armory à des missions militaires a imposé le choix d’un nouveau lieu d’exposition, qui a été trouvé au Lincoln Center for Performing Arts. Pas de changement en revanche dans la destination des bénéfices de la soirée inaugurale, qui seront versés à l’Asia Society, fondée en 1956 par John D. Rockefeller III dans le but de favoriser la connaissance de la culture asiatique.

Ce n’est pas une surprise : les marchands américains et britanniques s’arrogent la part du lion sur les 61 exposants. Parmi les américains, Randel, un nouveau venu, présente des sculptures et des bronzes chinois de la préhistoire jusqu’aux Song. Le californien Marc Richards expose des poteries du néolithique. Le stand de Frederick Schultz fera l’objet d’une curiosité particulière. Le marchand a en effet récemment fait parler de lui dans un trafic de fausses antiquités égyptiennes, qui lui a valu une condamnation par un jury populaire, dont il a fait appel. Les spécialistes londoniens, dont la réputation n’est plus à faire, sont dignement représentés par John Eskenazi, héritier d’une dynastie d’antiquaires qui a fait ses premières armes à Milan dans les années vingt. Il a fait venir des frises en pierre provenant d’un temple indien du 1er siècle ainsi que des Buddhapada ou empreintes des pieds du Bouddha, sculptées dans le schiste du Gandhara au 2e siècle. Francesca Galloway met l’accent sur une discipline plus rarement mise en avant, le portrait, avec des peintures à l’aquarelle et à la feuille d’or, réalisées au Rajasthan au 18e siècle.

A côté des inévitables netsuke, on étudiera avec intérêt les pans de la tradition revitalisés, comme l’illustrent ces paniers tressés japonais chez Tai Gallery. «Les prix s’inscrivent dans une fourchette très large, poursuit Anna Haughton. Ils s’échelonnent de quelques centaines de dollars à plusieurs millions. L’an dernier, une paire de cloches en bronze s’est négociée à dix millions de dollars». On note l’absence de Français dans les huit pays représentés, le monde latin étant uniquement symbolisé par le milanais Carlo Cristi. Ce que l’on peut éventuellement interpréter comme une démonstration du rapport de force dans le secteur… La semaine asiatique de New York est renforcée par un second salon, «Arts of Pacific Asia Show», dont l’offre est moins prestigieuse mais les prix plus contenus…


 Rafael Pic
22.03.2002