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Expositions

Mosaïque aux paons, (détail)
Worchester Art Museum


Récipient zoomorphe, 4e siècle après J.C.
Arthur M. Sackler Gallery


Ivresse de d'Héraclès et de Dionysos, Mosaïque
Début du 2e siècle après J.C.
Worcester Art Museum.


Antioche ressuscitée

Le musée d'art de Baltimore rassemble le temps d'une expostion les plus beaux trésors retrouvés de la cité perdue.

Enterrée après des siècles de tremblements de terre et de pillages militaires, la métropole d'Antioche, qui comptait 500 000 habitants au 4e siècle, repose en partie sous la ville turque d’Antakya. D'importantes fouilles archéologiques menées par une équipe franco-américaine dans les années 30 ont mis à jour nombre de ses trésors ensevelis. Ensemble, les équipes du musée du Louvre, de l’université de Princeton et des musées d’art de Worcester et de Baltimore ont excavé des demeures particulières, deux églises, plusieurs bains publics et la plus grande collection de sols en mosaïque de l’époque romaine, datant de 120-520 après J. C.. Antioche : la cité perdue nous révèle environ 160 de ces trésors installés par thématiques : la ville et ses habitants, les arts et cultures, l’eau, les habitats et la religion. Sona Johnston, commissaire de l’exposition au musée d’art de Baltimore nous parle de l’exposition.

Depuis les années 30, a-t-on fait de nouvelles découvertes importantes ?
Sona Johnston. Non, il n’y a pas eu de nouvelles découvertes. Les excavations ont été fermées en 1939, au début de la seconde guerre mondiale et une grande partie du site n’a pu être explorée. L’équipe, qui comprenait des chercheurs du musée du Louvre, n’est pas retournée sur le site d’Antioche depuis.

Quelle est la principale attraction de l’exposition ?
Sona Johnston. On considère en général que ce sont les mosaïques. Nous exposons 34 pièces de mosaïques, dont trois proviennent de notre collection permanente. Ces mosaïques ont toutes été réparties entre les équipes dans les années 30. Plusieurs d’entre elles sont très importantes. Il y a en deux que j’affectionne particulièrement et qui font partie d’un ensemble. Elles représentent deux figures, un satyre et une ménade. Les deux datent du début du 2e siècle. Ces pièces font partie d’une très grande mosaïque de sol, installée dans une salle à manger. Un des panneaux de cet ensemble provient du Louvre. Cette mosaïque ouvre une fenêtre sur Antioche et donne vraiment une idée de la vie dans cette cité ; elle est très descriptive. Le nom de cette œuvre est le mot latin triclinium qui veut dire salle à manger. La mosaïque provient d’une maison particulière. Ce qui est remarquable, c’est d’avoir pu réunir les morceaux et de les présenter à même le sol comme ils l’étaient à Antioche et non plus isolés comme des objets. Il y a également de très belles pierres tombales sculptées sur lesquelles sont représentées des personnes portant de magnifiques bijoux en or. Nous exposons justement des bijoux similaires. Antioche s’est développée de la période romaine tardive aux débuts de l’ère chrétienne, donc une période très importante et transitoire. On y a trouvé des objets chrétiens, par exemple, une superbe croix monumentale en argent et de l'argenteries d’église des premiers services chrétiens. Mais je dirais que les mosaïques sont de loin les découvertes les plus importantes.

Quels éléments majeurs les fouilles d’Antioche ont-elles apportées aux connaissances sur cette période transitoire ?
Sona Johnston. L’imagerie des mosaïques est comme une photographie de l’époque et de sa culture. Elle nous montre à quel point cette civilisation était évoluée à travers son argenterie, ses vêtements, ses meubles, etc. La combinaison d’images païennes et chrétiennes, la qualité du dessin, très élaboré, en trois dimensions, tout cela nous informe également sur cette civilisation. Antioche avait une situation géographique privilégiée, à la croisée des chemins, c’était une des plus grande ville de l’époque antique. Ce devait être une ville fantastique...


 Laure Desthieux
17.09.2001