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Marché

Henri Louis Duhamel Du Monceau, Traité des arbres et arbustes que l'on cultive en France en pleine terre, Paris, Guérin, Michel et Arthus Bertrand, 1800-1819. Est. : 61000 €


Gravure à l'eau forte en coloris d'époque d'après Redouté et Bessa, 53,7 x 36 cm


Tous les fruits de Duhamel du Monceau

Dans la récente vente de livres de l’étude Delorme-Fraysse, le Traité des arbres et arbustes que l’on cultive en France en pleine terre a largement dépassé son estimation pour atteindre 140 000 euros.

Henri Louis Duhamel du Monceau (1700-1782) est le prototype de l’esprit éclairé du 18e siècle, fasciné par les sciences appliquées. A moins de trente ans, il a déjà publié un rapport sur la maladie du safran, qui frappe les agriculteurs du Gâtinais – l’une des premières zones de production au monde, à l’époque – et est chargé par le secrétaire d’Etat à la Marine d’étudier la manière d’améliorer la production de bois pour la construction navale. Rival de Buffon pour diriger le Jardin du Roi, il publiera des précis de sylviculture qui feront date.

En 1755 sort chez Guérin et Delatour, le Traité des arbres et arbustes que l’on cultive en France en pleine terre. Ce traité, dans lequel il recense un millier d’essences, fera l’objet de rééditions, dont celle de 1800-1819, en sept volumes, chez Guérin, Michel et Arthus Bertrand, passée en vente mardi dernier. «C’est un ouvrage exceptionnel à plus d’un titre, explique le commissaire-priseur, maître Fraysse. C’est un grand papier, c’est-à-dire, que contrairement aux in-folio habituels, les marges ne sont pas coupées. Il a conservé sa vieille reliure en demi-maroquin rouge - le maroquin est une qualité de cuir et l’on parle de demi-maroquin lorsque seule la tranche est ainsi reliée. Il est, d’une façon générale, dans un état impeccable, avec très peu de rousseurs.»

On ne connaît que peu d’exemplaires de cet ouvrage, dont l’une est conservée à Paris, à la bibliothèque du Muséum d’histoire naturelle, avec ses velins d’origine. Aucune n’est passée en vente dans les trente dernières années. «A l’époque, il était vendu par souscription, par petits fascicules. La livraison de la série luxe, ce grand in-folio, s’adressait aux amateurs aux moyens certains puisqu’elle coûtait 30 francs, contre 9 francs pour la livraison de l’in-quarto en noir.» L’enchère de 140 000 euros, pour une estimation initiale de 61 000 euros, ne présente pas d’anomalie particulière pour le commissaire-priseur : «A objet exceptionnel, prix exceptionnel. L’ouvrage était complet de ses 496 planches, en coloris d’époque, passés à la main, à l’aquarelle et à la gouache.»


 Rafael Pic
20.03.2002