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Patrimoine

Découverte du dernier bastion inca

La cité inca de Corihuayrachina a été retrouvée par deux archéologues, un Anglais et un Péruvien.

LIMA, 21 mars (AFP) - Une citadelle perdue, considérée comme le probable dernier bastion inca face à l'envahisseur espagnol, a été récemment découverte, au coeur des Andes, au sud du Pérou, dans la région de Cusco, capitale de l'ancien empire incaïque, avant sa chute en 1572. Cette découverte archéologique, rendue publique seulement lundi, dix mois après avoir été réalisée, pourrait constituer dans les prochains mois un pas décisif dans la connaissance de cette civilisation disparue. "Après l'échec de sa rebellion en 1536, l'empereur Manco Inca se refugia dans cette région où il résista durant 36 ans aux conquistadores, conservant intactes les traditions de cette civilisation," expliquent ses découvreurs, un Anglais, Peter Frost, un archéologue péruvien, Alfredo Valencia Zegarra, et un explorateur américain, Scott Gorsuch. "Ce site pourrait révéler une chronique de la civilisation incaïque depuis ses origines jusqu'à son extinction", ajoutent-ils. Aucun espagnol n'a pu en effet pénétré dans cette région escarpée et d'accès extrêmement difficile. Ses occupants l'ont ensuite abandonnée pour une cause inconnue. Après la chute de l'empire, son existence a été oubliée jusqu'en juin dernier où elle a été découverte au terme de quatre jours de marche dans un décor hostile, après que Peter Frost eut repéré le site en 1999. Même si elle semble avoir subi quelques dégâts par les rares habitants de la région qui gardèrent le secret sur son existence, ses vestiges dissimulés sous la végétation recèlent très certainement des informations précieuses. "Epargnée de tout contact avec la civilisation européenne, elle devrait constituer un témoignage sans pareil", estiment ses découvreurs.

Située à 35km au sud-ouest de la citadelle de Machu Picchu, grand vestige de la civilisation incaïque découvert en 1911 la citadelle, appelée Corihuayrachina, s'étend sur 6 km2 au sommet d'un pic, à 3.300 mètres d'altitude. Elle est entourée de sommets qui culminent à plus de 5.000 mètres. "Un décor majestueux", affirment les membres de l'expédition qui était parrainée par la "National geogaphic society". Corihuayrachina se compose, selon leur premier relevé, d'une centaine de ruines comprenant des habitations de forme circulaire, des greniers pour aliments, des plateformes pour les cérémonies religieuses, des cimetières, des tours funéraires, des rues, des canaux pour l'adduction d'eau, des terrasses, et une pyramide au faîte tronqué. Ecrivain photographe de 56 ans, spécialiste de la civilisation incaïque, vivant à Cusco depuis plus de 30 ans, Peter Frost a expliqué que les Incas choisirent ce lieu pour deux raisons. "La présence de mines d'argent à proximité et un cadre se prêtant à une magnificience des rites religieux sont sans doute à l'origine de leur implantation sur ce lieu", dit-il. "C'est le seul endroit dans la région qui a une vue sur un ensemble de pics enneigés, propices à la célébration de rites, explique-t-il. Les Incas devaient probablement organiser des cérémonies religieuses d'adoration à ces sommets. Le site leur offrait aussi des points d'observation des cycles solaires et célestes, base de leur calendrier." Les premières fouilles ont permis à l'expédition de trouver des restes humains dans des tombes et, surtout, des poteries qui remonteraient au début de la civilisation incaïque. "Celles-ci pourraient se révéler particulièrement importante pour connaître cette période", estime-t-il.

Par Ricardo UZTARROZ

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  AFP
22.03.2002