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Marché

Johann Levy : « Les prix de l'art primitif sont tirés vers le haut »

Le Salon d'Art Tribal s'achève aujourd'hui dans un climat troublé. Nous avons recueilli les impressions de l'un des exposants.

Quel est l’atout du salon d’art tribal ?
Johann Levy.
Pour les visiteurs qui ne connaissent pas ce marché, et ils sont de plus en plus nombreux, le salon d’art tribal est le témoin de ce qu’il y a de pire et de meilleur. Dans ce domaine, même le plus grand marchand peut se tromper. Pour les initiés, c’est l’occasion de dénicher des objets que l’on ne voit pas souvent.

Quel est votre oiseau rare ?
Johann Levy.
Une statuette Mama (centre-nord du Nigeria) qui provient de la collection Joseph Hermann. Elle est datée du XIXe siècle. Sa forme est spectaculaire : les jambes ont la forme de vases et tout le corps se compose de volumes circulaires avec une patine de fumées. L’art Mama est rarissime. Les objets de cette région sont vraiment un secteur montant de l’art africain. Cette production n’est connue des spécialistes que depuis trente ans contre 70 ans pour l’art du Gabon ou de Côte d’Ivoire. Seulement quelques dizaines de pièces Mama sont recensées dans le monde. La statuette que j’expose est référencée depuis les années 1970. Pourtant elle ne vaut que 120 000 francs. Mais c’est sa cote actuelle.

Quels sont les effets de la vente Goldet sur le marché de l’art africain?
Johann Levy.
Les prix de l’art primitif sont davantage tirés vers le haut mais les collectionneurs ne sont pas dupes. Cette vente a été ultra-médiatisée et il y a des lots qui ont fait trop cher. J’ai tout de même pu acheter quelques pièces de bonne qualité à un bon prix, notamment plusieurs statuettes Dogon (Mali) qui furent mal suivies pendant les enchères. Mais la vente Goldet n’est pas la seule cause de la montée des prix. L’inflation suit la logique de la loi de l’offre et de la demande. Car nous avons de plus en plus d’acheteurs et de moins en moins de pièces. Ce qui ne m’empêche pas de garder la tête froide.


 Armelle Malvoisin
17.09.2001