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Expositions

Alfred Manessier, Album sur le
thème de Pâques
, 1949
Le Jardin de Pâques -
Lithographie n° 7
Photo : Jean-Louis LOSI
© Adagp, Paris 2002



«C’est une symphonie que j’ai voulu écrire ici, la symphonie de Pâques, avec la vie, la mort, la résurrection, la joie de Pâques.» (Alfred Manessier)


Pâques selon Manessier

Le musée de Pontarlier aborde le thème pascal en présentant deux ensembles lithographiques d’Alfred Manessier.

À l'heure où son œuvre recevait une reconnaissance officielle, par une rétrospective aux Galeries nationales du Grand Palais, Alfred Manessier décédait en 1993. Figure majeure de l'art de l'après-guerre, l'artiste fréquentait Bazaine, Lapicque ou de Staël. Si ses peintures, ses tapisseries et ses vitraux sont aujourd’hui connus du grand public, ce n’était pas encore le cas de ses lithographies. D’abord influencé par le cubisme puis par le surréalisme, Manessier s’engage dans la voie de l’abstraction lyrique. Sa participation à l’exposition de la galerie Braun, «Vingt jeunes peintres de la tradition française», en 1941, confirme cette nouvelle voie.

Les liens de Manessier avec le haut Doubs ont débuté par la réalisation des vitraux abstraits de l’église Saint-Michel aux Bréseux en 1947. Suivra son intervention sur les baies de l’église Saint-Bénigne en 1974. Les deux séries de lithographies présentées au musée de Pontarlier illustrent deux étapes dans la production de l’artiste. L’une, éditée en 1949, a été prêtée par la galerie Jeanne Bucher, la seconde, réalisée en 1978, provient de l’association Alfred Manessier. «En 1949, l’artiste découvre la lithographie. Ses premières réalisations traduisent tout le sérieux de l’élève s’appliquant à une nouvelle pratique. Dans la deuxième série, l’artiste s’exprime librement, se laissant aller à une gestuelle plus nerveuse » explique Joël Guiraud, conservateur du musée.

Si l’artiste se convertit au christianisme en 1943, son œuvre n’abandonne pas pour autant la figuration. Des tirages comme Les Trois Croix ou La Prison restent dans le domaine de la représentation non-figurative. «Contrairement à la première série, les lithographies de 1978 débordent d'une foi chrétienne qui se manifeste par des couleurs vives et un traitement nerveux. L’artiste va même au-delà de la peinture sacrée pour dénoncer l’enfermement, la torture et autres entorses aux droits de l’homme. On peut parler de laïcisation du thème qui dépasse alors le domaine de l’illustration». Son engagement se retrouve dans certaines de ses toiles comme Pour la mère d’un condamné à mort (1975) ou le triptyque Liberté, Liberté (1989), en hommage à l’abbé Grégoire.


 Stéphanie Magalhaes
06.04.2002