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Expositions

L'exigence de l'art selon Helmut Federle

Le musée des Beaux-Arts de Nantes rassemble des créations en partie inédites de l'artiste suisse.


Federle, Sans titre, 1980, acrylique
sur papier marouflé sur aluminium,
deux éléments, 189 x 214 cm.
© Frac Bourgogne, Dijon
Dès les premiers pas, on est surpris par la rigueur méticuleuse avec laquelle l’accrochage a été pensé. Comme si tout avait été calculé, au millimètre. Dans la grande salle, certaines arcades ont même été bouchées pour mieux nous donner l’impression d’un ensemble cohérent où tout paraît s’inscrire harmonieusement : à l’image de ces lieux sacrés où il nous arrive parfois de nous recueillir ou de méditer. De fait, ce qui domine, c’est l’impression de respect. Federle ne cherche pas la performance. Pour lui, les oeuvres d’art sont à prendre comme des stations d’orientation de l’être, comme s’il s’agissait d’un langage ou d’un alphabet que chacun doit s’attacher à déchiffrer. Mais le plus étonnant dans cette manifestation, qui réunit à la fois des peintures, des dessins, des photographies et des objets, pour une large part inédits, c’est le peu de place accordée à ses grands formats des années 80, faits de noir, de gris et de jaune verdâtre, qui ont fait son succès.

Certes, il y a des tableaux, mais peu. Comme si Federle avait tenu, non pas à nous séduire, mais à nous montrer le terrain exigeant sur lequel, selon lui, sa peinture doit se structurer. Tout un ensemble de notes, prises dans ses carnets, au fil des jours, dans l’atelier ou au cours de ses nombreux voyages, où il consigne, comme dans une sorte d’autoportrait abstrait, fortement expressif, tout ce qui lui passe par la tête et qu’il souhaite retrouver dans ses toiles. À condition, bien évidemment de ne pas se laisser séduire par une simple recherche plastique, maniant plus ou moins bien le matériel laissé par les grands maîtres de l’art abstrait, mais bien d’obliger son art, en partant des mêmes signes, à se transformer en ce langage ouvert et «évocateur» qui lui est propre et où l’on peut lire, comme si l’on était au pied d’un des grands mystères de la vie, cette chose miraculeuse qu’est la permanence des choses, la conscience fragile des cycles, la croissance, le changement, le commencement... ou la fin.


 Valère Bertrand
09.04.2002