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Mignot, l'abbé aux vases

Décédé en mars 2001, l’abbé Mignot a offert sa collection de vases grecs et italiotes au musée de Louvain-la-Neuve. Bernard Van den Driessche, commissaire de l'exposition, dresse un portrait de l’homme.


Dyonisos levant son canthare
(détail). Amphore à col. Style
Attique à figure noire. Fin VIe
début Ve siècle av. J.-C.
© Donation Abbé Mignot.
Qui était Adolphe Mignot et comment lui est venue cette passion pour l’Antiquité ?
Bernard Van Den Driessche.
Surnommé «L’ermite de Val-Duchesse», l’abbé Mignot a passé quarante ans dans le parc de Val-Duchesse, propriété royale depuis Léopold II. Ce «petit paradis sur terre» comme il l’appelait, est composé d’un parc, du château de Val-Duchesse et de la chapelle Sainte-Anne. Il faut chercher dans sa formation de philologue classique les origines de sa passion pour l’Antiquité. Dans les années cinquante, il débute une double collection. Celle de sculptures anciennes espagnoles qu’il exposait dans la chapelle Sainte-Anne était rendue publique une fois par semaine selon sa volonté. Nous ne connaissons que peu d’éléments sur le mode d’acquisition de sa collection de vases antiques. Il semblerait que la donation d’Adrien de Longpérier, ancien directeur du musée du Louvre et apparenté à la famille Mignot, soit pour beaucoup dans la richesse des pièces détenues. En dehors des achats effectués sur le marché des arts de Bruxelles, son frère lui offrit certaines œuvres.

Décrivez-nous la collection.
Bernard Van Den Driessche.
Elle comprend des pièces majeures. Parmi les 26 vases de production grecque, d’Attique ou de Corinthe, deux amphores se distinguent. Provenant de la donation d’Adien de Longpérier, ces pièces à figures noires sont datées du 6e siècle. Si l’une représente deux scènes mythologiques : Dionysos levant son canthare et la lutte entre Apollon et Hercule pour le trépied de Délos, l’autre semble illustrer un épisode de la Guerre de Troie. Le reste de la collection (27 pièces) provient d’Italie méridionale (Pouilles, Lucanie, Campanie). Là encore on peut discerner deux cratères à volutes de grande qualité, décorés avec l’image d’une défunte placée dans un édicule semblable aux édifices funéraires.

Quelles étaient les conditions de la donation ?
Bernard Van Den Driessche.
La donation à l’Université catholique de Louvain remonte à 1975. La seule condition consistait à laisser au collectionneur la totale jouissance de ses vases jusqu’à sa mort. En 1980, la collection a été présentée, temporairement, au musée, dans une salle spécialement conçue à cet effet, la salle des vitrines. La présentation inclut un hommage au donateur avec l’apport de documents personnels comme les quatre livres d’or ou ses opuscules concernant le Val-Duchesse.

Dans quel contexte cette donation entre-t-elle ?
Bernard Van Den Driessche.
En 1905 et au lendemain de la Première Guerre mondiale, le musée a été enrichi par le fonds Fernand Mayence. Cette collection didactique comprenait aussi bien des céramiques grecques que des bronzes romains, des œuvres authentiques et des moulages. Cette donation a été inaugurée en 1927 lors du 500e anniversaire de l’université. Ensuite des collections privées, comme celle de Jacques Théodore ou de l’abbé Zec, dans les années 90, ont complété le fonds permanent. Grâce à l’apport des œuvres de l’abbé Mignot, le musée devient la troisième collection publique d’antiquités grecques en Belgique. À la question : « Quelle est la prochaine étape ? », je répondrais que nous attendons avec impatience le déménagement des collections dans le nouvel établissement prévu au cœur de la ville. Outre le fait de quitter la faculté de lettres et de philosophie pour un site indépendant, notre surface d’exposition va passer de 1000 mètres carrés à 4000 mètres carrés.


 Stéphanie Magalhaes
25.04.2002