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Marché

Londres, capitale de l'art allemand

Poursuivant sa stratégie de spécialisation, Sotheby's organise une grande vente de peinture allemande et d'Europe centrale du 19e siècle.


Max Liebermann, Les Fileuses de lin
à Laren
, huile sur carton, 52 x 79 cm
Estimation : 180 / 250 000 £
© ADAGP
Après avoir créé les ventes d’art irlandais, scandinave, espagnol ou grec, le département des peintures et sculptures européennes du 19e siècle de Sotheby’s se penche pour la seconde fois sur les écoles allemande et autrichienne. «Cette vente de printemps vient compléter celle du mois d’octobre, consacrée à l’art moderne et expressionniste allemand», explique Claude Piening, l’un des responsables du département. «Il y a encore cinq ans, tous ces artistes figuraient dans des catalogues généralistes ou étaient vendus à Munich. Avec une vente spécialisée londonienne, nous attirons l’attention sur leurs œuvres et nous développons un marché international. Les acheteurs, qui sont à 70% des collectionneurs privés, peuvent être allemands, autrichiens mais aussi américains, britanniques ou japonais».

Pour cette seconde édition, le catalogue inclut des artistes slaves. «Il s’agissait de rendre la vente plus intéressante et de rétablir une réalité historique. La plupart de ces peintres partageaient un même héritage culturel. La Hongrie faisait partie de l’empire des Hasbourg et ses artistes venaient travailler à Vienne. Quant aux Polonais, ils se rendaient à Munich. Alfred Wierusz-Kowalski, dont nous présentons le Portrait équestre du prince Lubomirski, a étudié à l’Académie de Dresde avant de partir pour Munich où il est devenu l’élève de Jozef Brandt, lui-même polonais !»


Franz von Stuck, La Ronde
enfantine
, huile sur
panneau, 89 x 89 cm
Estimation : 40 / 60 000 £
Une centaine de lots sont proposés pour des estimations s’échelonnant entre 3 000 £ et 250 000 £. Si de nombreux artistes sont méconnus hors de leurs pays d’origine, les vedettes du genre sont également au rendez-vous. La tchèque Antoinetta Brandeis avait établi sa réputation de védutiste à l’âge du développement du tourisme en Italie avec des toiles semblables à cette Vue du Ponte Vecchio (30 000 £). Hans Thoma était admiré de Rilke pour ses paysages «nationaux» comme le Moulin des tanneurs près de Francfort peint en 1898 (25 000 £). Un beau dessin au pastel et à la craie d’Adolph von Menzel immortalise sa jeune sœur Émilie (30 000 £), le modèle de l’huile sur toile conservée au musée de Hambourg et choisie comme affiche par le musée d’Orsay lors de la rétrospective de 1996. Quant à la grande figure de l’art bavarois de la fin du 19e siècle, Franz von Stuck, il est représenté par deux huiles qui mêlent univers symboliste et tradition classique : la Forêt enchantée (20 000 £) et la Ronde enfantine (40 000 £).

Pour autant, l’œuvre la plus attendue n’en demeure pas moins une étude de Max Liebermann pour les Fileuses de lin à Laren. Ce tableau monumental, actuellement conservé à l’Alte Nationalgalerie de Berlin, est l’une des œuvres les plus célèbres de sa période hollandaise. Elle fut d’ailleurs exposée au Salon parisien de 1887. Si l’huile sur carton fixée sur un panneau de bois n’est que l’un des dix travaux préparatoires répertoriés par Matthias Eberle dans son catalogue raisonné, celle-ci est l’une des plus abouties. Restée entre des mains privées depuis 1930, elle pourrait atteindre 250 000 £.


 Zoé Blumenfeld
09.04.2002