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Marché

Quand le Village suisse ose le nu

À quelques pas de la tour Eiffel, le Village suisse propose un parcours sur le thème du nu. De l’art primitif à l’art contemporain, les 150 galeries ont joué le jeu.


Blanche Greer
© Galerie Rochas
Construit en 1900, à l’occasion de l’Exposition universelle, le Village suisse a fêté ses 100 ans l’année dernière. Le plus vieux marché de Paris, composé d’antiquaires, de décorateurs et de galeries d’art, inaugure ce centenaire avec une exposition thématique à laquelle participe une centaine d’exposants. «Le principe est simple. Chaque galeriste expose l’œuvre de son choix, de la peinture à la sculpture, sur un tissu en velours rouge accompagné d’une pancarte de présentation. Nous avons dû prolonger d'une semaine la durée de la manifestation devant son succès médiatique » explique Catherine Hirsch, présidente du comité organisateur et membre du Syndicat national des antiquaires. «Compte tenu de la diversité des métiers présentés au village suisse. Il fallait trouver un thème qui puisse être exploité aussi bien par le spécialiste en tapis que par l’orfèvre ».


Statue en bois doré, 18e siècle
© Marchand d'oubli
Au détour d’une allée, à la galerie Gérard Hadjer, on peut découvrir les dessins de Ludovic-Rodo Pissaro, fils de Camille Pissaro, ou encore deux toiles colorées de Colette Levine qui occupent la vitrine de Monique de Chammard. Certains réalisent de vraies expositions thématiques comme la galerie Paris-Manau, spécialisée dans l’art 1900 qui choisit de présenter différentes sculptures en bronze autour du tableau de Serge-Henry Moreau, Les Baigneuses. Cette association de bronzes et de tableaux se retrouve à la galerie Hirsch : deux Femmes au turban en bronze de Levy Kinsbourg, Le Bain de Diane de Jan Van Neck de la fin du 17e siècle et une toile de nu de Paul Mathey. Derrière un bosquet d’arbres, la galerie Marchand d’oubli, expose deux petits Bacchus. «L’un est en bois doré, date du 18e siècle et porte la feuille de vigne comme il se doit. L’autre, en bois naturel, est totalement nu. J’ai acheté ces deux pièces, il y a dix ans, je ne les avais jamais montrées jusqu’à présent » confie la galeriste.

Deux Gardiens en terre-cuite polychrome de la dynastie Han, exhumés en 1992 du mausolée Yangling de l’empereur Jingdi, ornent la devanture de la galerie Gérard Santolini. Si le défi a été relevé pour ce spécialiste de la Chine ancienne, d’autres domaines ont eu plus de mal à trouver la pièce correspondant au thème. Ce fut le cas pour Christiane Fraignoz de la galerie La Cheminée. «Au départ, j’étais un peu désemparée. Comment trouver un accessoire de cheminée en rapport avec le thème du nu ? Par chance, j’ai trouvé cette plaque décorée d’une scène d’Hébé avec l’aigle de Jupiter ». La galerie Sigrid se penche sur l'aspect masculin du nu en présentant Silène et Bacchus un bronze patiné du 18e siècle. L’orfèvrerie n’est pas de reste comme en témoigne cette paire de flambeaux en argent de Durant, ornés de femmes aux seins nus, représentant la galerie Olivia et Emmanuel ou ce drageoir de J. A. Cressend, gravée de naïades, en vitrine de la galerie Olivia II. Pour ultime plaisir, le visiteur peut s’offrir un détour par la galerie Rochas qui a choisi de révéler un croquis préparatoire à un projet de costume pour la maison Rasimi par de Blanche Greer, peintre illustrateur de l'Ecole Américaine à Paris.


 Stéphanie Magalhaes
13.04.2002