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Expositions

Dieu pour seul maître ?

Les Archives nationales font le point sur l’histoire religieuse en France de 1801 à 1905. De quoi alimenter le débat sur la place de l'Eglise dans notre société.


Vote d'approbation du Concordat
et des Articles organiques
organisant les cultes catholiques
et protestans par le Corps
Législatifs, 18 germinal an X
© CHAN / Atelier de photographie
Si l’exposition organisée par le Centre historique des Archives nationales ne s’étend que sur quatre salles, les documents présentés rivalisent d’importance au plan politique, religieux ou artistique. La présentation s’ouvre sur les textes fondateurs de la vie religieuse en France. La Bulle Primitiva illa ecclesia, promulguant le concordat entre le pape Léon X et François Ier en août 1516, a fixé les fondations du statut de l’Eglise de France jusqu’en 1790. «(...) Il fallait rasseoir la religion sur sa base. », les termes employés par Napoléon Bonaparte annoncent aux Français la signature du concordat de 1801qui entérine la laïcisation de l’Etat et déclare le catholicisme «religion de la majorité des Français». Autour de ce document figurent des pièces tout aussi importantes, comme ce premier projet de concordat, rédigé par le porte-parole de Bonaparte, l’abbé Bernier. Les principales préoccupations de l’Empereur apparaissent clairement : la réduction du nombre de diocèses et la démission des évêques. La Signature du Concordat, gravure d’après un dessin de François Gérard, portraitiste officiel de Bonaparte, représente l’Empereur signant le document officiel. Il n’était pourtant pas présent aux derniers pourparlers comme en témoignent les signatures sur le document : Joseph Bonaparte, l’abbé Bernier, Cretet, les cardinaux Consalvi, Spina et Caselli.


Projet de vitrail pour la basilique
de Saint-Denis. François Debret
et atelier (1777-1850)
© CHAN / Atelier de photographie
Cette nouvelle relation établie entre l’Eglise et l’Etat imposait certaines modifications comme l’établissement d’un ministère des Cultes, dirigé par Portalis, et l’obligation, pour certains ministres, de prêter serment, à l’exemple de ce Registre de prestation de serment de l’Empereur Napoléon III par les archevêques et les évêques (1867). Yves Mirande réalise en 1937 un film qui croque les travers de cette administration, ses Messieurs les ronds-de-cuir, avec l'aide d'Arletty ou de Lucien Barroux. Le contrôle du clergé passe par la compilation de fiches individuelles sur le personnel ecclésiastique, l’installation de personnalités malléables comme J. H. Dreyfus au grand rabbinat de Paris ou encore par le suivi des projets de bâtiments de culte.

Des exemples de cartes de première communion et des jeux montrent combien la religion imprégnait l’instruction des enfants. Ainsi ce Jeu moral et instructif : le Paradis, imprimé à Metz, dont les règles stipulent : «Tous les péchés capitaux paient l’amende et retournent chacun à la vertu qui lui est opposée»… Un clin d’œil sur le phénomène de l’apparition de la Vierge à La Salette permet d’aborder le thème de la dévotion mariale : souvenirs de pélerinage, ex-votos... L’éducation de la jeunesse protestante n'est pas oubliée. Un ensemble de plaques de verre illustrant des scènes de l’Ancien Testament ou l’histoire de Rosalie incitait le jeune public à une vie vertueuse. Une plaque ornementale en argent, également nommée «Tass», dans la communauté juive, servait à la lecture de la Torah dans les synagogues. L’exposition s’achève en 1905, date de la séparation de l’Etat et de l’Eglise et laisse le visiteur s’interroger sur l’état actuel de la vie religieuse en France et les conséquences de la laïcisation de notre société.


 Stéphanie Magalhaes
15.04.2002