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Patrimoine

Renzo Piano fait sa tour de Londres

Depuis les attentats à New York, on pensait leur époque révolue. L'architecte italien croit pourtant en l'avenir des gratte-ciel : son projet londonien alimente les polémiques.


© Renzo Piano Workshop
Ce sera le plus haut gratte-ciel d’Europe. La tour de quatre-vingts niveaux, trois cent quatre-vingt-dix mètres de hauteur, imaginée par l’architecte italien Renzo Piano a désormais l’aval du maire de Londres. Le projet a été adopté par le conseil municipal mais il attend encore l’aval du ministère de tutelle lequel a prolongé son délai de recours pour une durée indéterminée. Bien entendu, les architectes des Monuments historiques sont opposés à l’érection d’une telle construction en plein cœur de la ville, sur une parcelle étriquée et difficile d’accès qui jouxte la gare de London Bridge. Faisant fi de ces contraintes topographiques, le projet de Piano est techniquement et esthétiquement étonnant.

On connaissait l’architecte pour son palmarès. Il a reçu le Pritzker Price en 1998, l’équivalent du Prix Nobel en architecture, il est le co-auteur du Centre Pompidou à Paris avec Richard Rodgers, le concepteur de la tour Hermès à Tokyo en pavés de verre et du gigantesque aéroport de Kensaï, au Japon également. Révolutionnaire est le premier mot qui vient à l’esprit lorsqu’on pense à ce projet en forme de pyramide étirée vers le haut. «Voici ce que je vois dans ma tête : une grande tour qui forme une véritable ville verticale, où dix mille personnes peuvent travailler, vivre, avoir des loisirs et dans laquelle des milliers de citoyens circulent. Plus de quatre-vingts niveaux qui incluent des magasins, bureaux, restaurants, jardins, un auditorium et des espaces résidentiels.» Arbres et jardins à chaque étage, la tour de cristal transparent s’élève vers le ciel comme une flèche de cathédrale, écologique. «La tour aura une base généreuse, qui se rétrécira au fur et à mesure qu’elle s’élèvera pour pratiquement disparaître dans l’air, comme le pinacle d’une église du 16e siècle ou le mât d’un voilier». Pas de parking : les habitants et arpenteurs des lieux devront venir par les transports en commun, nombreux en ce point névralgique de la capitale anglaise.

Si la décision est prise dans l’année 2002 pour sa construction, la tour de London Bridge devrait être achevée en 2007-2008. Le prix sera en accord avec sa hauteur : près de 750 millions de livres sterling (soit 1,227 milliard d’euros) budgetés à ce jour, chiffre qui peut évoluer selon les aléas administratifs et constructifs. Un beau point d’honneur au développement de la ville, à deux pas de la Tate Modern et du Millennium Bridge, en regard de la cathédrale Saint-Paul.


 Rafaël Magrou
16.04.2002