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Marché

Paris sous le vent du sud

Après Beyrouth et Dubaï, Artsud présente sa troisième édition au Palais des Congrès. L'argument géographique comme concept fédérateur suffira-t-il à séduire le public?


Paolo Ambrosio, Reclining figure,
1996 © Archivio Gallery, Turin
Un nouveau salon s'inscrit sur la scène parisienne : Artsud. Peut-on parler d'un nouveau marché pour les artistes du Midi ? Nombreux sont les artistes qui peuvent se ranger sous cette bannière. Laure d’Hauteville, directrice artistique de l’évènement, explique ses motivations : «Lorsque j’ai créé le premier salon Artsud, à Beyrouth, en 1998, il s’agissait de répondre à la forte demande de collectionneurs du Moyen-Orient obligés de se déplacer à Londres ou à New York pour effectuer leurs achats d’œuvres. La seconde raison, c'est une volonté personnelle de faire découvrir l’art contemporain de pays comme le Mexique, le Liban ou encore la Corée du Sud ». Au moment même où les conflits se multiplient dans le monde arabe, ce salon présente côte à côte des artistes de nationalités différentes. «L’art rassemble » ajoute Laure d’Hauteville. Ce que semble infirmer la polémique qui touche les membres du conseil consultatif du salon. Selon l’organisation, les galeries Marwan Hoss et Samy Kinge, auraient joué un rôle actif dans la sélection des artistes exposés. Interrogés par nos soin, les deux galeristes parisiens se sont étonnés, au contraire, de figurer dans les premières pages du catalogue.


Mona Saudi, Sculptures de plein air,
granit et pierre
© Mona Saudi, Jordanie
Au-delà de cette polémique, le salon n’en demeure pas moins une manifestation attendue. Plus de trente galeries présentent un spectre assez rarement réuni, incluant la France, l’Italie et l’Allemagne, mais aussi le Sénégal, le Cameroun et les pays arabes. «Artsud n'entend pas concurrencer les autres salons d’art contemporain comme la FIAC ou Art Paris. Le travail des artistes du sud est révélateur des mentalités, mais aussi d’un contexte de création, propres à chaque nationalité. La lumière et les couleurs dialoguent avec l’intimisme et l’interdiction de la représentation humaine. Les galeries se placent ici dans la perspective d’un nouveau marché». Parmi les dix-sept galeries françaises, Vendôme propose des toiles de l’italien Emilio Trad, Vivendi expose des bronzes de l’espagnol Carlos Mata. Gilles Naudin, directeur de la galerie GNG, exprime sa satisfaction devant une manifestation qui a su «se démarquer des salons plus généralistes. J’espère découvrir une clientèle qui ne se déplace pas forcément jusqu’à Saint-Germain-des-Prés. J’ai choisi de présenter trois artistes : un sculpteur espagnol, Buades, un peintre turc, Nurcan Giz, et un artiste du Gabon, David Nal-Vad».

Laure d’Hauteville se charge de conseiller les exposants dans le choix des œuvres en fonction du goût des clients. «Un art trop conceptuel ne plaît pas, de la même manière que des nus de grandes dimensions. L’art français des années 1950-1970, représenté par des artistes comme César, Arman ou Mathieu reste très recherché par les collectionneurs libanais». Les pays du Proche et du Moyen-Orient sont représentés : une galerie libanaise (Espace SD de Beyrouth), une galerie syrienne (Jabri Gallery) ou l’artiste Mona Saudi pour la Jordanie. Grâce à l’Agence de la francophonie, deux galeries de Dakar (Galerie Arte et Atiss) et deux galeries camerounaises (Doual’Art et Mam) ont pu financer leur déplacement. On attend avec curiosité le musée d’art contemporain de Téhéran qui présente, pour la première fois en France, une partie de sa collection : des photographies de Jamshid Bairami, des toiles de Massoud Arabshahi ou des collages de Mir Yaghoub Amamahpich.


 Stéphanie Magalhaes
18.04.2002