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Marché

Chien Bavili, porte reliquaire
traces de polychromie rouge
et blanche. Congo Brazzaville


Salon d'Art Tribal : des résultats couleur du temps

La manifestation parisienne, qui s'est achevée hier, confirme les prévisions les plus pessimistes après les attentats new-yorkais, malgré l'augmentation du nombre de visiteurs.

« On s’y attendait », regrette l’antiquaire belge Alain Naoum. Comme son compatriote le marchand Bernard de Grunne, il a présenté sur son stand une sélection de pièces africaines importantes et n’a rien vendu. « Seuls les objets de moins de 40 000 francs sont partis », lance un autre confrère. Chez Luc Berthier de l’African Muse Gallery à Paris, un bouclier XIXe siècle Lumi du Moyen Sépik a été emporté pour 30 000 francs. « Chaque vente que nous avons pu faire a été un miracle », commente Roland Flak. « Pour quelques pièces, la passion d’amateurs a été plus forte que l’angoisse ». A savoir un gong Chamba du Nigéria du XVIIIe siècle à 20 000 francs et plusieurs objets ethnographiques d’Afrique, Amérique du Nord et d’Asie du sud-est dans une fourchette de prix de 2 000 à 15 000 francs. La fréquentation était pourtant en moyenne plus élevée que l’an passé. « Des gens venus se changer les idées », selon plusieurs professionnels.

Pour sa part, le Bruxellois Jacques Robert van Overstraeten, spécialiste des objets du Congo, a vendu un ensemble de 23 boucliers très décoratifs de la fin du XIXe siècle, principalement en vannerie, en provenance d’une quinzaine d’ethnies différentes, d’une valeur unitaire moyenne de 5 000 francs. Quelques mètres plus loin, sur un stand consacré aux tribus nilotiques du Soudan, Pascal Ginailhac de la galerie African Heritage a été plus chanceux : un tam-tam Azandé, un lit Sénoufo et des chaises éthiopiennes ont trouvé preneurs mais surtout, un client africain lui a acheté pour 300 000 francs un rare totem de village Bongo, la seule sculpture à doubles têtes connue à ce jour. Une transaction qui lui a permis de réaliser un chiffre d’affaire honorable. Les antiquaires ont pris la mauvaise conjoncture pour une fatalité tout en remarquant que dans leur spécialité, « les collectionneurs sont de véritables accros. Ce n’est donc que partie remise ».


 Armelle Malvoisin
18.09.2001