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La Drôme, terre de la petite édition

Pendant trois semaines, la ville de Crest présente les dernières publications de soixante-dix petites maisons d’édition, dans un salon du même nom.

«Parler de petite édition, c’est parler de maisons dont les ouvrages ne sont pas diffusés dans les circuits habituels du livre, de maisons créées par des passionnés qui constituent leurs catalogues au fil des années, en publiant moins de 20 titres par an, et cela à un nombre d’exemplaires réduit, généralement moins de 2000 exemplaires». Les jalons sont ainsi posés par Edwige Breiller-Tardy, l’une des organisatrice du Salon de la petite édition, qui se déroule pour la onzième année consécutive à Crest, une petite ville située à l’est de Valence, sur les rives de la Drôme. Comment un tel salon a-t-il vu le jour ici ? La réponse est là aussi affaire de passion. Il y a quelques années, Edwige Breiller-Tardi rencontre Jean Marcourel, le directeur de l’une de ces maisons, «Petits classiques du grand pirate», qui publie des livres se dépliant, à l’intérieur desquels poésies et images s’entremêlent et s’enrichissent les unes les autres. À l’époque, il est déjà l’un des organisateurs du Marché de la poésie, qui se tient au mois de juin sur la place Saint-Sulpice à Paris, et il propose d’organiser à Crest des rencontres entre petits éditeurs et grand public.

Depuis lors, le Salon de la petite édition n’a cessé d’affirmer sa spécificité. La première originalité de cette manifestation, c’est sa durée. Du 19 avril au 6 mai, le public d’amateurs ou de professionnels, essentiellement régional, dispose de près de trois semaines pour se familiariser avec les ouvrages. «Au lieu de demander aux éditeurs de se déplacer ici pour deux ou trois jours, nous avons instauré un autre système. Chaque maison nous fait un dépôt de confiance et nous présentons l’ensemble sobrement, sans publicité». Ce sont environ 1000 titres qui sont visibles, illustrant la diversité extrême des publications. Se côtoient ainsi les recueils de photographies et d’art contemporain d’Ides et Calendes, les ouvrages historiques et anthropologiques de la maison Créaphis, les notes d’artistes publiées par les Ennemis de Paterne Berrichon, les romans français et étrangers épuisés et dénichés par la Fosse aux Ours ou les livres d’artistes de la maison La Sétérée, typographiés dans la plus pure tradition et ornés de lithographies de Titus-Carmel, Olivier Debré ou Henri Cartier-Bresson. C’est là le cœur du salon. Tout autour se greffent des expositions et des animations. Ainsi, le 24 avril, Caroline Sagot Duvauroux viendra lire des poèmes tirés d’Houvari dans la lette, publié il y a récemment par José Corti, qui l’avait découverte il y a quelques années, au salon de Crest…


 Zoé Blumenfeld
20.04.2002