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Patrimoine

La grande bibliothèque d'Alexandrie ressuscite

Son inauguration devait avoir lieu aujourd'hui mais les événements au Proche-Orient l'ont retardée. Conçue par des Norvégiens, elle reprend le flambeau allumé par Alexandre le Grand il y a vingt-trois siècles.


Bibliothèque d'Alexandrie,
la structure interne
Après dix années d’études, prospectives et de construction, la grande bibliothèque alexandrine vient d’ouvrir ses portes. Sous des traits contemporains, elle est conçue comme un renouveau de la mythique institution fondée par Alexandre le Grand il y a près de 2300 ans, et détruite par le feu en 47 av. J.-C. Ce sont des architectes venus du froid qui ont élaboré le dessin de cette construction titanesque. A l’issu du concours international lancé en 1989 par l’Union Internationale des Architectes, l’Unesco et le gouvernement d’Egypte, le trio de SnØhetta – Craig Dykers, Christoph Kapeller et Kjetil T. Thorsen - est retenu parmi 524 équipes. L’agence n'a été fondée que deux ans avant le concours. Deux ans après, lauréats d’un programme international parmi les plus ambitieux et symboliques, voilà un beau départ pour ces jeunes Norvégiens très prometteurs. Associé à des architectes du Caire, Hamza Associates, ils ont su réaliser un ouvrage atemporel dont l’impact sera capital dans le développement culturel de la région et plus largement de l’Egypte et du monde arabe.


Bibliothèque d'Alexandrie,
les espaces intérieurs
La principale caractéristique de la nouvelle bibliothèque d’Alexandrie est sa forme circulaire de 160 mètres de diamètre, inclinée et parée de pierres massives. Ce disque plonge à 12 mètres dans le sol et s’élève au plus haut à 32 mètres. Un bassin d’eau annulaire l’entoure pour mieux refléter les 5 500 m2 de granit taillé à la main, qui portent des inscriptions et des symboles alphabétiques historiques et contemporains. Le toit de l’édifice est une structure légère en «nid d’abeille» d’aluminium selon une maille de 9 x 14 mètres, pour limiter les points porteurs et permettre à l’espace intérieur de s’ouvrir sur la lumière septentrionale et sur la mer Méditerranée. Le foyer de cet intérieur est une très grande pièce, similaire aux immenses salles des bibliothèques d’antan, qui révèle la forme de l’immeuble dans l’espace de lecture. Celui-ci est agencé de manière originale, le long des terrasses qui dissimulent les livres destinés à un public restreint, fournissant ainsi un nouveau standard d’agencement des bibliothèques publiques. Ces terrasses offrent une vue dégagée aux lecteurs et une séparation entre les différents départements de la bibliothèque. Depuis l’axe principal de l’immeuble - un axe qui sépare les déplacements du personnel de ceux du public - on peut y accéder par des escaliers ou des ascenseurs.

Ce sont près de huit millions de volumes qui seront contenus à terme dans ce nouveau temple du livre. Soit quinze fois plus que dans celle d’origine mais moins qu'à la Bibliothèque nationale de France, qui en compte près de treize millions. Cela représente en surface 85 000 m2, dont 20 000 sont occupés par les salles de lecture, agencées sur sept niveaux. La lumière zénithale ne vient pas directement sur les ouvrages, par mesure évidente de protection mais éclaire de manière optimale les terrasses de lecture. Ce dispositif fabrique comme un vaste amphithéâtre à l’intérieur de l’édifice. Enfin, le programme est complété par des services culturels et éducatifs, avec planétarium, plusieurs musées et une section jeunes étudiants. Un auditorium existant sur le site est relié à l’ensemble pour des conférences et une passerelle tisse des liens avec le campus universitaire.


 Rafaël Magrou
23.04.2002