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Expositions

Méliès, pionnier des effets spéciaux

L’espace Electra fête les cent ans du Voyage dans la Lune en dévoilant les trucages de l’un des pionniers français du cinéma.


Jehanne d’Alcy, tête parlante
par trucage catoptique, illusion
créée au théâtre Robert-Houdin
en 1892
Coll. Madeleine Malthête-Méliès
© ADAGP
Il s’agit de la seconde exposition, consacrée à Méliès, de cette envergure en France. La première était à l’initiative de la Cinémathèque française en 1961, à l’occasion du centenaire de sa naissance. «On ne parle pas assez de Méliès (1861-1938), cet artiste qui a compris le pouvoir magique de l’image animée. Il est aujourd’hui, le second parmi les pionniers de la fin du 19e siècle en France, après les frères Lumière, pour lequel on conserve près de deux cents films pour plus de sept cents produits. Nous avons voulu caler l’exposition sur les racines culturelles de l’artiste et mettre en avant l’importance de la magie dans son œuvre» explique Jacques Malthête, commissaire de l’exposition et arrière petit-fils de Méliès. Rideaux de velours rouge, ambiance feutrée, l’espace Electra a revêtu un décor à l’image de l’univers de Méliès. L’exposition s’ouvre sur la jeunesse de ce fils d’industriel de la chaussure, déjà doté d’un certain sens de l’humour comme le suggèrent ses caricatures d’Emile Littré ou de la reine Victoria.

Ses débuts au théâtre Robert-Houdin sont illustrés par une maquette du Pâtissier du Royal, des pièces rares comme cet automate qu'il avait racheté ou des objets de L’Escamoteur mystérieux. «La plupart de ces pièces n’avaient jamais été présentées avant». Le cabinet fantastique révèle les premiers effets du magicien cinématographe comme les sphères truquées, dites boîtes au boulet, les cornes d’abondance, des flèches tournantes ou un coffre transparent. Plus impressionnant, le meuble «gothique» du Décapité récalcitrant(1892) et l’animation de ce squelette qui apporte une note d’humour aux travaux d'Etienne-Jules Marey. Si certaines clefs sont données, des mystères demeurent. Comment ces masques de Belzébuth, qui répondaient aux questions des spectateurs pouvaient-ils attirer les objets sur un simple coup de pistolet ? «Pour Méliès, le cinéma est finalement une autre manière de faire de la magie. Jusqu’en 1903, le cinématographe ne réalise que des films d’une à deux minutes qui seront ensuite remplacés par des «longs métrages» comme A la conquête du pôle qui mesure 650 mètres, c’est-à-dire environ une demi heure ».


Voyage dans la Lune, 1902
Tableau 7, Le canon monstre. Défilé
des artilleurs de la marine Feu !!! Salut
au drapeau

Collection Jacques Malthête-Méliès
© ADAGP
La triple lanterne magique dite «Tri-unial Riley» de Méliès a animé de nombreuses séances de projection dans son théâtre. Le jeu des trois objectifs permet de donner vie à des plaques de verre peintes à la main et ainsi de créer des effets de mouvement. La projection de films, tout au long du parcours de l’exposition, propose de découvrir les premiers travaux de l’artiste sur des thèmes parfois étonnants comme la fantasmagorie dans Le Diable au couventde 1899. Certains trucages continuent à surprendre comme le miroir de Cagliostro qui replace le reflet par un visage de femme dans un bouquet de fleurs. La dernière partie de l’exposition s’intéresse principalement au studio de Montreuil (1897). Méliès a consacré une grande part de sa production au thème du voyage fantastique. Le Voyage dans la Lune révèle ici les coulisses de sa réalisation : des dessins d’une grande précision, qui n’ont rien à envier aux story board d’aujourd’hui, le véritable costume du magicien utilisé dans le film, des photographies originales et surtout le Sélénite naturalisé ! Si le monde magique et féérique de Méliès est parfaitement reconstitué, l’exposition contribue à la compréhension de son œuvre, en mettant à la disposition des visiteurs des reconstitutions intéractives du studio. Le visiteur peut ainsi comprendre le fonctionnement du géant des neiges dans À la conquête du Pôle...


 Stéphanie Magalhaes
29.04.2002