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La numérisation, au cœur du Quai Branly

Le futur musée des Arts premiers illustre la place primordiale de l'outil informatique dans les institutions muséales.

Dans le chantier des collections, il y a bien sûr des aspects matériels qui consistent à acheminer concrètement les 250 000 pièces du musée de l’Homme et les 25 000 du musée des Arts d’Afrique et d’Océanie vers le nouvel établissement. Il s’agit de les prélever des anciennes collections, de les désinfecter et d’opérer un dépoussiérage préalable à leur stockage et à leur transfert vers des espaces muséographiques ou vers des réserves, pour la majorité d’entre elles. Dans ce travail, l’informatique occupe une place centrale. Dans une première phase, c’est le logiciel Access qui s’est révélé un outil indispensable à l’évaluation des collections. L’ensemble des fiches-objets et des inventaires ont ainsi été numérisés pour procéder au récolement et à la cartographie des collections qui étaient éparpillées dans une vingtaine de lieux différents : salles d’exposition, bureaux, bibliothèques, archives, réserves, couloirs…

L'inventaire a son code barre
Depuis que le projet muséographique est arrêté et que les « grandes manœuvres » ont commencé, la place qui incombe à l’informatique a évolué. Un changement qui se traduit par l’utilisation d’un second logiciel, TMS (The Museum System), déjà employé pour les collections ethnographiques de grandes institutions américaines, le Smithsonian Institute et le Metropolitan Museum, ou européennes, comme le musée national d’Anthropologie de Leyde. Avant toute chose, il doit assurer la traçabilité des œuvres. Un code barre vient ainsi remplacer les anciens numéros d’inventaire inscrits à la main sur chacune des pièces pour permettre leur localisation en temps réel durant le temps du chantier, bien sûr, mais aussi à l’avenir. Ce système devra permettre de retrouver aisément des pièces recherchées pour la préparation d’une exposition ou demandées par des chercheurs qui pourront les manipuler dans une salle d’étude spécialement aménagée à cet effet.

L'œuvre sous tous ses angles
Du point de vue purement documentaire, ce logiciel a également une vocation de base de données. Durant son traitement à l’hôtel industriel Le Berlier, chaque pièce de la collection passe en effet à l’unité d’identification qui lui impose son code barre et qui dresse sa « carte d’identité ». Il s’agit d’effectuer une prise de dimensions et une pesée systématique ainsi que de prendre une photographie de la totalité de l’objet, ou de sa partie la plus pertinente. Pour les 3 500 objets de la muséographie, on procède également à une saisie volumétrique : des photographies sont prises de manière à reconstituer une image en 3 D qui sera exploitée sur le site web du musée ainsi que sur les différents outils pédagogiques édités par l’établissement. Bien entendu, ces nouvelles données viennent s’ajouter à celles des fiches et des inventaires précédents. « Ce logiciel permet d’entrer beaucoup de données matérielles et documentaires, des informations relatives aux collectionneurs, aux déplacements, aux expositions ou à la bibliographie, explique Christiane Naffah, conservateur en chef chargée du chantier des collections.Nous conservons toutes ces strates d’informations qui constituent une documentation très riche sur l’histoire du regard, du goût ou de la politique. Mais bien entendu, seule une partie de ces données seront accessibles au public. Il ne faut pas s’attendre à trouver la valeur vénale des objets sur des bornes interactives ! »


 Zoé Blumenfeld
24.06.2002