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Expositions

Cycles Gladiator
L. W., vers 1895
© Musée d'Art et d'Industrie St-Etienne, Yves Bresson


Cycles Ouragan
Léon Chouquet
© Musée d'Art et d'Industrie St-Etienne, Yves Bresson


On encadre bien la petite reine

Le musée d’Art et d’industrie de Saint-Etienne présente une partie de sa collection d’affiches de cycles. Promenade sur les traces d’Ouragan, Hirondelle ou Gladiator.

Récemment ouvert, le musée d’Art et d’industrie conserve dans son sous-sol, la première collection française de cycles. Trop fragiles pour être exposés de manière permanente, les affiches et autres documents relatifs à cette collection, étaient jusqu’à aujourd’hui conservés dans les réserves. «Dès la fin du 19e siècle, Saint-Etienne était considérée comme la capitale du cycle et de la pièce détachée : entreprises, fabricants et constructeurs s’y développaient. Déjà riches d’une tradition de construction des armes de chasse, les Stéphanois ont fabriqué la première bicyclette française en 1886» rappelle Nadine Besse, conservateur du musée. Si la collection de cycles a commencé en 1930, celle des affiches a été lancée en 1948 sur une initiative de la Chambre syndicale du cycle de Saint-Etienne. Tirées à grands formats, les affiches deviennent très vite le nouvel art de la rue tandis que des noms comme Chéret, Pal ou Grasset signent ces œuvres d’un nouveau genre. «À partir de 1868, de nouvelles techniques de lithographie remplacent la pierre par le zinc, d’une manipulation simple et permettant des formats plus importants. Les affiches de cycles subissent les influences des annonces de spectacles et de music-halls».

Si la collection compte près de 350 pièces, les 95 affiches exposées donnent un aperçu de la création de 1890 à 1938 et permettent d’évaluer la permanence de certains thèmes. «L’intitulé de l’exposition « Voici des aîles » reprend le titre d’un roman de Maurice Leblanc de 1898 dont les textes semblaient parfaitement appropriés au contenu des affiches de cycles. Ainsi, les thèmes de l’envolée, l’impression de vitesse et de liberté reviennent de manière récurrente dans les œuvres. La rouquine des cycles Gladiator s’envole, nue, cheveux au vent sur sa bicyclette tandis que la conductrice de Papillon dessinée par Arthus se laisse porter par les aîles de l’animal. De la même manière, la légèreté de la danseuse créée par Eugène Ogé pour La Guêpe confirme cette impression de liberté». Parmi les autres thèmes, celui de la séduction est illustré par des couples s’enfuyant vers des aventures discrètes sur la «Petite Reine», généralement poursuivis par un gendarme. La bicyclette conserve des points communs avec le cheval et le remplace même dans certains cas. Qui se rappelle des bataillons cyclistes de l’armée»? .

L’exposition présente de nombreux premiers tirages célèbres, à l’image de l’affiche de Steinlen pour les cycles Comiot. Cette jeune femme, conduisant l’une des premières bicyclettes motorisées et traversant un troupeau d’oies, reste dans les mémoires. Des pièces plus originales attirent l’attention comme l’affiche Luthy par Tamagno, mesurant plus de deux mètres sur un mètre soixante. «Pour clore la présentation, nous avons demandé à l’artiste Philippe Favier de réaliser un travail sur la lettre. V,LÖD, titre de l’œuvre, tranche, par un style très contemporain, avec les autres pièces. D’autre part, des «bacs à posters» permettent aux visiteurs de prendre conscience de l’ampleur de nos collections et des bornes interactives rendent l’information accessible sur un simple clic».


 Stéphanie Magalhaes
04.05.2002