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Art Chicago, une foire dans le vent

La manifestation d’art contemporain, qui ouvre aujourd’hui, fête son dixième anniversaire avec 200 galeries. Son président, Thomas Blackman, en dresse un bilan.


Aaron Salabarrias Valle (Porto
Rico), Sans titre, 2002
En 1909, Chicago découvre l’attrait de sa façade lacustre et décide d’y édifier le Navy Pier. Il sera achevé en 1916 et sera pendant un demi-siècle le lieu de toutes les réjouissances avant de tomber dans un semi-oubli au milieu des années 1970. Dispendieusement restauré, le Navy Pier a été réinauguré en 1995. Depuis cette date, le salon Art Chicago, né deux ans auparavant, y a ses habitudes. Ce nouvel espace, spacieux, lumineux, donnant sur les horizons du lac Michigan, a d’ailleurs contribué à son succès. Pour sa dixième édition, Art Chicago accueille, pendant quatre jours, deux cents galeries et attend 40 000 visiteurs.

«J’ai créé Art Chicago en 1993, explique Thomas Blackman, son président. J’avais organisé auparavant, pendant une dizaine d’années, une autre manifestation, la Chicago International Art Exhibition. Ce sont des marchands, insatisfaits par l’évolution de cette dernière, qui m’ont poussé à en créer une nouvelle. Au début, le Navy Pier était en réfection et nous occupions donc des locaux, le hall MacCormick, beaucoup moins spectaculaires. Notre surface d’exposition, la première année, était de 4000 mètres carrés. Dès 1994, il était de 10000 mètres carrés. En revanche, l’orientation internationale a été défendue dès le début. D’une année à l’autre, elle est de l’ordre de 50%.» Plus de 20 pays sont représentés, dont la Grande-Bretagne, l’Allemagne, l’Italie, la Corée du Sud. La participation française demeure embryonnaire : on ne rencontre dans les travées que quelques présences, qui proviennent autant de province (Sollertis à Toulouse, Barnoud à Dijon) que de Paris (Marion Meyer, Filles du Calvaire, Karsten Greve, Valérie Cueto).


Renée Levi (Suisse), Sans titre, 2001
Installation, spray sur murs
«Nous accordons une grande importance à la sélection des galeries. Nous convoquons à cet effet en octobre à Chicago un jury, de composition internationale, qui comprend entre 12 et 16 membres. Notre spectre chronologique est assez large même si, dans les faits, Art Chicago est surtout consacré à l’art de l’après-guerre et, plus spécifiquement encore, à l’art des années 1970 à nos jours.». La santé de la scène contemporaine, après le passage à vide du début des années 1990, est illustrée par le dynamisme des grandes institutions locales, comme le Museum of Contemporay Art (auquel seront versés les bénéfices de la soirée inaugurale) ou l’Art Institute. La récente nomination à la tête de la Biennale de Venise 2003 de Francesco Bonami, curator au MCA, est significative à cet égard. «Les prix des pièces exposées vont de quelques centaines à plusieurs millions de dollars et nous avons bien sûr un fort intérêt de la part des musées, conclut Thomas Blackman. Mais il faut aussi souligner ce que le succès, la permanence, d’une telle manifestation doivent aux collectionneurs de base, aux collectionneurs de tous les jours.»


 Rafael Pic
10.05.2002