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Expositions

Marc Chagall, Songe d'une nuit d'été, 1939
© Musée de Grenoble


Chagall aux frontières du surréalisme

Le musée national du message biblique Marc Chagall se penche sur les oeuvres oniriques de l'artiste, qui le rapprochent du mouvement surréaliste

Lorsque Max Ersnt et Paul Eluard se rendent à l’atelier de Marc Chagall en 1924, ils avaient sans doute à l’esprit la citation d’Apollinaire, de 1912, qualifiant l’œuvre du peintre de « peinture surréelle ». L’artiste refuse de participer au groupe surréaliste. De 1911 à 1924, Marc Chagall crée des peintures fantastiques, aux thèmes merveilleux, associant animaux, paysages perturbés et autoportraits : Homme-coq au-dessus de Vitebsk, Le Rêve. Avant même la naissance du mouvement surréaliste, ses œuvres révèlent déjà un «univers magique» selon les termes d’André Breton.

« L’idée que le grand public se fait de Marc Chagall se résume aux bouquets de fleurs, aux amoureux enlacés. Cette exposition nous dévoile un aspect inattendu de son œuvre : son rendez-vous manqué avec le surréalisme.» explique Jean-Michel Foray, directeur du musée et commissaire de l’exposition. Vingt peintures et quarante dessins, inédits pour la plupart, composent cette rétrospective. « Les œuvres proviennent des grands musées européens : Amsterdam, Berlin, Grenoble, Marseille et Paris. Compte tenu des événements américains, Le temps n’a point de rives, du Museum of Modern Art de New York, ne participera pas à l’exposition.»

Surréaliste avant la lettre, Marc Chagall participa, malgré lui, à l’évolution du grand courant artistique et littéraire du 20e siècle. « Comment un homme qui refuse toute appartenance à un groupe et possède de réelles convictions religieuses aurait-il pu accepter le titre de surréaliste ? Artiste indépendant, il n’en reste pas moins l’ami d’hommes aussi célèbres qu’Éluard, Aragon, Pieyre de Mandiargues, Breton, qui ne manquèrent pas de s’intéresser à son art, comme en témoignent de nombreux écrits.» Aux images de rêve comme Songe d’une nuit d’été, Chagall associe de nombreux autoportraits dont Autoportrait aux sept doigts qui reflètent un certain refus de céder aux méandres de l’inconscient. Le peintre à la tête à l’envers répond ainsi à la nouvelle donnée du 20e siècle : « C’est désormais l’artiste qui fonde l’art.»


 Stéphanie Magalhaes
22.09.2001