Le Petit Palais prépare sa renaissance

«À l'automne 2004 nous pourrons redonner cet endroit magique à tous les amoureux de l'art». C'est en ces termes que Bertrand Delanoë a annoncé son approbation pour la restauration et la modernisation de l'un des plus importants musées de la ville de Paris. En compagnie de Gilles Chazal, directeur de l'établissement, le maire a pris connaissance de la maquette du futur bâtiment et de la nouvelle politique d'exposition. «J'ai accepté et proposé de rendre gratuit l'accès à la culture pour tout ceux qui habite ou visite Paris. Cette mesure a eu pour conséquence de donner une ampleur supplémentaire au projet. Nous assumons ce nouveau budget car il en vaut la peine». Aux soixante-quatre millions d'euros du départ s'ajoutent donc quatre millions supplémentaires, «un dépassement dû à une optimisation du projet» selon les termes du maire. Comme l'explique Gilles Chazal, la gratuité va donner l'occasion de supprimer tous les postes de contrôle des billets et ainsi de revoir l'articulation des salles dans le parcours muséographique. «Seules les salles d'expositions internationales et l'espace consacré à l'exposition temporaire de nos collections resteront payants. La présentation permanente remonte le temps, du début du 20e siècle à l'Antiquité».

Derrière une bâche publicitaire qui alimente les débats, le chantier du Petit Palais n'attend donc que le signal du départ, prévu pour septembre prochain. Les sols sont à l'état brut, les murs révèlent leurs faiblesses, des filets de protection font office de plafonds, les travaux peuvent commencer. «La surface totale va passer de 20 000 à 26 000 mètres carrés. Trois niveaux, destinés aux réserves, aux locaux techniques et à l'auditorium, vont être creusés sous le jardin. Cette réorganisation des espaces va nous permettre d'exposer une plus grande quantité d'œuvres dans les deux niveaux du bâtiment. Sur une collection totale de près de 45 000 œuvres, nous n'en exposions que 800 avant travaux. À la réouverture, plus de 1 300 pièces seront visibles. Pour la première fois, le rez-de-chaussée sera ouvert aux collections permanentes et accueillera les collections antiques et la Renaissance. Une salle réservée aux «expositions collections» permettra de présenter des pièces conservées en réserves tandis que les galeries sud du musée accueilleront les expositions temporaires» explique Gilles Chazal. En résumé, le musée se divise en deux : la présentation permanente côté Champs-Elysées et les expositions temporaires côté Cours-la-Reine.

Le bâtiment de Charles Girault a subi bien des vicissitudes depuis 1900 : suppression de certaines ouvertures, modification des volumes dans les salles, repeints sur les fresques, lumière artificielle. Philippe Chaix, architecte, entre dans le vif du sujet : «Le concept de Girault selon lequel cet espace était fait pour vivre à la lumière du jour va être rétabli. Après avoir abattu les faux–plafonds et rouvert les portes donnant sur l'extérieur, les salles retrouveront un éclairage naturel et leur volumes initiaux. Un système de renforcement de la lumière, établi sur les verrières, permettra de compenser les baisses de luminosité, notamment le soir. Débarrassées de l'ancienne gendarmerie et des locaux techniques, les collections occuperont ces nouveaux espaces». Ainsi le visiteur pourra admirer les peintures flamandes dans les salles à arcatures des anciennes chaufferies. La restauration de ce petit joyau de l'Exposition universelle de 1900 entre dans un projet plus important, celui de faire des Champs-Elysées «un lieu qui vive et pas seulement un quartier que l'on décore» selon le maire. Il promet cependant de soumettre une rallonge budgétaire à son conseiller financier... pour redorer les coupoles du Petit Palais.