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Marché

Francfort voit double

Au lendemain de l'inauguration de la biennale Manifesta 4, c'est au tour du salon d'art contemporain, Art Francfort, d'ouvrir ses portes.


Ottmar Hörl, One man show
Galerie Erhard Witzel 2002
© Messe Frankfurt, Jens Liebchen
Avec Manifesta 4 et Art Francfort, la capitale du land de Hesse est coup sur coup à la une et il ne s’agit évidemment pas d’un hasard. L’ouverture du Salon européen de la jeune création a en effet été repoussée d’un mois de manière à ce qu’elle coïncide, à un jour près, avec l’inauguration de la Biennale d’art contemporain. Cette décision revient à Messe Francfort, l’organisateur de la foire, qui est avec la ville et la fondation Allianz Kulturstiftung, l’un des trois principaux sponsors de la biennale qu’elle finance à hauteur de 128 000 €. Cette petite manipulation chronologique vise à faire profiter les exposants de l’affluence de collectionneurs et de conservateurs et, pourquoi pas, à augmenter la fréquentation du salon qui, en 2001, a attiré 27 500 visiteurs, soit à peu près autant qu’Art Brussel ou Miart à Milan, la même année. Cela ne constitue-t-il pas un pari osé quand on sait qu’à partir du 8 juin, la même «cible» sera sollicitée à moins de 200 kilomètres de là, par la Documenta de Cassel ? Les données concernant Art Francfort semblent le contredire dans la mesure où l’offre et la fréquentation sont plus particulièrement tournées vers le marché local. Ainsi, seuls 22% des galeristes viennent de pays étrangers, si on prend en compte l’Autriche et la Suisse voisines qui représentent à elles seules 8% des exposants.


Eddie Hara, 2002
© Messe Frankfurt , Jens Liebchen 
Cette année, les 18 000 mètres carrés du nouveau hall de Messe Francfort réunissent 184 galeries -dont une trentaine de nouvelles venues–, soit environ 2 000 artistes. Le salon se répartit en deux sections bien distinctes : «Depuis 1960» et «Nouvelles attitudes». Cette seconde partie consacrée aux formes les plus contemporaines de la création a, de plus, invité une quarantaine de galeries qui ont apporté les œuvres de jeunes artistes n’ayant jamais figuré dans des salons. Parmi celles-ci, Ursula Walbröl de Stuttgart présente les grandes peintures aux sujets botaniques de Julia Schmid et Martina Detterer, une installation de Pridgar & Jurt, un couple d’artistes suisses qu’elle suit depuis deux ans et qui a récemment exposé à la Schirn Kunsthalle. Dernier élément à noter, la présence d’une exposition organisée par trois jeunes représentants de la scène artistique moscovite. Les groupes Escape, Moscou Minimalisme et TV Galerie donnent leur vision de la création contemporaine russe. Ils présenteront respectivement une grande tente intitulée Une patrie à acheter, exploration sur le thème de la mondialisation, de l’identité et de l’utopie, une mise en scène d’œuvres conceptuelles mettant en avant les rapports entre art et marché et un ensemble d’archives retraçant dix années de production de vidéo et de documentaires sur l’art russe.


 Zoé Blumenfeld
27.05.2002