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Marché

La princesse aux yeux tristes ou les impressionnistes ?

Du 21 au 26 mai, Drouot Montaigne présente les vedettes des ventes de la saison à venir.


Frédéric Bazille, Fleurs,
narcisses dans un vase
, 1870,
estimé autour de 750 000 €
Vente PIASA, le 21 juin
Deux fois par an, depuis 1995, Drouot-Montaigne met son costume d’apparat pour annoncer les ventes à venir, susciter l’intérêt des collectionneurs et conforter la réputation des commissaires-priseurs. «Nous mettons vraiment l’accent sur les pièces remarquables de nos ventes principales», explique Maître Picard de PIASA. «Pour nous, il est clair qu’il s’agit de la vente d’art impressionniste et moderne du 21 juin. Nous présentons une série de trois tableaux de Bazille, ce qui est une rareté insigne car l’artiste est mort à l’âge de 29 ans. Parmi elles figurent deux toiles de grand format : la Petite Italienne, chanteuse des rues (550 000 €), marquée par l’influence de Murillo et de Manet, et le Jeune homme nu couché sur l’herbe (500 000 €), une œuvre étrange peinte sur une étude de femme à la crinoline. Les Narcisses dans un vase (750 000 €), de dimensions plus modestes, ont été peints en 1870, l’année de la mort de Bazille. À travers ce choix, Jean-Louis Picard présente sa recette : «Il faut des œuvres de grande qualité rarement présentes sur le marché car il s’agit de créer un effet de surprise. Ce faisant, nous démontrons aussi notre capacité à nous voir confier des pièces d’importance».


Bague de fiançailles de la
princesse Soraya, sertie d'un
diamant de 22,37 carats, Harry
Winston
, estimation autour
de 400 000 €
Vente Beaussant Lefèvre,
le 28 mai
D’une maison à l’autre, les politiques diffèrent pourtant : dresser un panorama des ventes à venir ou mettre l’accent sur une vente-phare. L’étude Poulain Le Fur a choisi la première option en présentant pêle-mêle un plat à rosace turquoise d’Iznik des années 1530 (120 000 €, Art islamique, 6 juin), une Vue de la place Saint-Pierre à Rome de Gaspard van Wittel (120 000 €, Tableaux anciens, meubles et objets d'art, bijoux et argenterie, 25 juin), sans oublier le Bouquet de Mimosas de Moïse Kisling (120 000 €) ou L'Après-midi sur la plage de Jean-François Raffaelli (100 000 €), deux toiles qui figureront à la dispersion, récemment annoncée, de la collection d'Arthur Rubinstein (3 juillet). À l’extrême inverse, l’étude Beaussant-Lefèvre mise tout sur la succession de la princesse Soraya qui se tiendra du 29 au 31 mai prochain dans les mêmes salons de Drouot-Montaigne. Sélectionnés parmi le millier de lots dispersés, les objets sont présentés de manière à reconstituer l’univers familier de la «princesse aux yeux tristes» : une table finement dressée et un dressing réunissant ses plus belles robes et fourrures dans une pièce décorée de tapis persans, de photographies personnelles et de miniatures safavides… Ce foisonnement ne devrait pourtant pas «noyer» la cinquantaine de bijoux précieux, au premier rang duquel, la bague de fiançailles offerte par le Shah d’Iran en octobre 1950, un bijou en platine serti d’un diamant de taille émeraude de 22,37 carats signé Harry Winston et estimé à 400 000 euros.

Mais les Temps Forts ne se limitent pas, bien sûr, à ces quelques ventes d'exception. En tout, ce sont une quarantaine d’études qui participent à la manifestation et près de trois cent lots qui sont exposés, touchant les domaines les plus variés. Du côté de l’art ancien, on trouve une Sainte Famille de Jan Gossart (140 000 €, étude de Nicolay) ou un tableau de Giovanni Moroni intitulé Portrait de Gentilhomme à la barbe (300 000 €, Millon & Associés, 26 juin). Les arts décoratifs sont également bien représentés avec une paire d’encoignures de la garde-robe des petits appartements de la reine Marie-Antoinette aux Tuileries estampillées Riesener (120 000 €, étude Rieurier, Bailly-Pommery, 17 juin) ou une tabatière en or des frères Borgnis Gallanty aux armes du Duc et de la Duchesse de Berry (12 000 €, étude de Maigret, 7 juin). Sans oublier le très attendu mobilier Art Déco, avec les fauteuils cabriolets de Pierre Charreau (20 000 €, étude Farrando-Lemoine) ou la commode de Jules Leleu décorée aux motifs de la Naissance de Vénus (45 000 €, étude Aguttes, 2 juillet).


 Zoé Blumenfeld
21.05.2002