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Expositions

Vue du couvent et du Mur païen du Mont Sainte-Odile. Carte postale du début du 20e siècle, signée Hoffmann © Photo : N.Fussler, Musées de Strasbourg


Vue du Mur païen © Photo : G.Lacoumette


L’archéologie vue du mont Sainte-Odile

Haut lieu de pèlerinage et de tourisme en Alsace, le mont Sainte-Odile révèle aujourd’hui les vestiges de son occupation depuis l’Antiquité.

Présentez-nous le site archéologique.
Bernadette Schnitzler, conservateur en chef du musée archéologique de Strasbourg.
La montagne Sainte-Odile se situe au nord-ouest de Strasbourg. Sa position dominante a toujours attiré les hommes. Une enceinte de pierre, appelée le Mur païen, enserre son sommet sur dix kilomètres de long. Des fouilles menées ont conclu à une occupation du Néolithique au Moyen-Age.

Pourquoi ne présenter ce bilan qu’aujourd’hui ?
Bernadette Schnitzler.
La découverte, dans un grenier, des tenons en bois de chêne, maintenus par des queues d’aronde du secteur nord-ouest de l’enceinte a relancé la recherche. Une étude dendrochronologique du bois a permis de dater ce vestige du VIIe siècle. Plusieurs hypothèses sont émises concernant sa destination : protection d’un lieu de culte ou enceinte défensive de type oppidum ? Il n’est pas impossible qu’un secteur sacré se soit trouvé sur le sommet du mont et que l’enceinte ait également été défensive, la topographie y étant appropriée.

Quelles sont les pièces présentées dans l’exposition?
Bernadette Schnitzler.
Entre la céramique et les outils en bronze, les monnaies gauloises et romaines sont en nombre. Tous ces objets permettent d’évoquer la vie des châteaux médiévaux, de l’abbaye de Niedermunster, située au pied du mont, ou encore du couvent de Hohenbourg. Certaines pièces se distinguent comme ce chapiteau sculpté mérovingien, très rare pour cette époque. Un autre chapiteau roman au décor d’oiseaux paraît tout aussi exceptionnel que cette monnaie en or de Jean de Luxembourg au milieu de monnaies celtiques.

Depuis quand y-a-t-il des fouilles sur le site ?
Bernadette Schnitzler.
Nous avons des traces de fouilles dès le Moyen-Age. Les moines du 17e siècle ont ensuite pris la relève. Il faut attendre le 18e siècle et les travaux de Jean-Daniel Schœpflin, savant en contact avec les cours européennes, pour réaliser des relevés en plan du site et des recherches approfondies dans son Alsatia Illustrata. Les années 1920-30 s’accompagnent d’un intérêt nouveau pour les antiquités françaises. En 1898, la découverte de carrières à proximité de l’enceinte a permis à R. Forrer de comprendre la méthode de construction de cet édifice. Les dernières fouilles ont eu lieu en 1994-95. Aujourd’hui, nous nous consacrons à la valorisation de ce patrimoine.

Quel est le devenir du site ?
Bernadette Schnitzler.
Classé dès 1840, le Mur païen va aujourd’hui bénéficier d’une restauration dans sa partie sud. Ainsi, les blocs vont retrouver leur place initiale et les portes des couloirs fortifiés vont être remises en état. Les panneaux réalisés pour l’exposition seront ensuite présentés, de manière permanente, au couvent du mont Sainte-Odile.


 Stéphanie Magalhaes
16.05.2002