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Christian Deydier

Christian Deydier : «Les antiquaires, ce n'est pas du banditisme organisé»

Le spécialiste des arts asiatiques succède à Dominique Chevalier à la tête du Syndicat national des antiquaires. Il entend réformer l’institution et lancer un nouveau salon annuel.

Tout président a un programme…
Christian Deydier.
Bien sûr. Je souhaite revoir le fonctionnement interne, les statuts du syndicat. Je ne veux pas, par exemple, de président «à vie», comme nous l’avons eu dans le passé. Le mandat sera limité à cinq ou six ans. D’autres réformes ne se verront pas de l’extérieur mais auront un effet significatif. Ce sera le cas pour le mode de décision dans les commissions d’études : il arrivait que l’on ne sache pas comment trancher un désaccord. De même, nous sommes désormais ouverts sur l’Europe. Il nous faut lever les restrictions qui existent encore pour l’admission de membres étrangers.

Unidroit, c’est fini ?
Christian Deydier.
Pas du tout, la bataille Unidroit continue. Nous allons, d’une façon générale, accroître l’activité syndicale. Nous allons aussi répondre aux accusations parues dans la presse et provenant du gouvernement ou d’institutions comme l’Unesco qui tentent de présenter les antiquaires comme la seconde source de banditisme organisé ! Notre message est simple : il y a toujours des brebis galeuses mais il ne faut faire d’assimilation hâtive, pas d’amalgame. Nous allons aussi nous battre contre le blanchiment d’argent et nous attaquer au problème des objets volés.. Dans ce dernier domaine, nous pensons mettre sur pied un site internet, avec les polices française et italienne. Le site Art Loss Register est d’orientation très anglo-saxonne et peu maniable pour nous mais nous n’excluons pas de collaborer avec eux dans ce projet. Nous allons développer nos relations avec la British Dealers Association et avec Tefaf. Nous comptons bien faire entendre notre voix lors de la réunion prévue l’an prochain avec les Britanniques sur la TVA à l’importation. Ce sera l’occasion de dire au gouvernement qu’elle ne rapporte rien à l’Etat mais qu’elle paralyse le marché.

Comment se présente la Biennale 2002 ?
Christian Deydier.
Celle de cette année est déjà bouclée. Elle «tourne». La décision de diminuer le nombre de stands (neuf de moins) est une décision du conseil sur laquelle on ne peut pas revenir. La Biennale reste notre grand événement, notre joyau, très médiatisé, au décor somptueux. Mais nous allons créer un deuxième salon, qui sera annuel et qui aura lieu au Carrousel du Louvre, en septembre comme la Biennale. Les années des Biennales, pour éviter la superposition de deux événements, il sera un peu décalé. Il sera de présentation sobre, spartiate même, avec des stands simples, des cloisons en tissu, de simples panneaux. Ces stands, qui auront une surface entre 9 et 40 mètres carrés, seront à des prix très raisonnables, comparables à ceux des salons spécialisés. Sur une surface de 3000 mètres carrés, nous pourrons accueillir environ 150 exposants. Il y aura un important programme culturel, avec des conférences et une exposition thématique.

En dehors de son coût modéré, présentera-t-il d’autres particularités ?
Christian Deydier.
L’une de ses originalités sera son découpage par zones : il y aura la zone asiatique, la zone céramique, la zone dessin, etc. Je souhaite aussi introduire une innovation, qui en réalité existait déjà dans une Biennale du passé, alors que je n’étais pas encore antiquaire mais étudiant : une boutique consacrée aux jeunes antiquaires. Dans ses vitrines, ceux-ci pourront exposer plusieurs objets, voire un seul. Ce sera pour eux un moyen de mettre le pied à l’étrier.


 Rafael Pic
13.05.2002