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Expositions

Dernier hommage sur la Baie des Anges

Après Hanovre et Bâle, le musée d’Art moderne et contemporain de Nice s’enrichit de l’une des plus importantes donations de l’artiste Niki de Saint Phalle, récemment décédée.


Niki de Saint Phalle, Tir première
séance, seconde séance, 26
février 1961

Musée d'art moderne et d'art
contemporain, Nice
Donation de l'artiste
© Niki de Saint Phalle, Adagp
Pourquoi cette figure majeure du Nouveau Réalisme a-t-elle décidé de faire du musée niçois le plus haut lieu de conservation de ses œuvres en France ? «Plusieurs raisons peuvent être évoquées. La ville de Nice a vu naître Klein et Arman, des amis de Niki. En 1961 était célébré le premier festival européen du Nouveau Réalisme. De plus, le musée d’Art moderne et contemporain est entièrement consacré à ce courant des années 60 et aux relations artistiques entre la France et les Etats-Unis» explique Gilbert Perlein, conservateur en chef du patrimoine. De père français et de mère américaine, Niki de Saint Phalle a partagé sa formation entre les deux continents, multipliant les rencontres avec Jean Tinguely, Martial Raysse ou Pierre Restany. Les 170 œuvres de la donation d’une valeur totale de plus de quinze millions d'euros se répartissent ainsi : soixante-trois peintures et sculptures, dix-huit gravures, quarante lithographies, cinquante-quatre sérigraphies. «Les pièces qui nous ont été données offrent un panorama complet de sa production depuis le Paysage des années 1958-59 jusqu’à des travaux plus récents comme ces bas-reliefs en céramique destinés à orner le Jardin des Tarots, en Toscane. La collection du MAMAC ne possédait que quelques repères succincts comme leTir de l’impasse Ronsin, acheté en 1988, et quelques dépôts de l’Etat».


Niki de Saint Phalle, Nana noire,
upside down
, 1965-1966
Musée d'art moderne et d'art
contemporain, Nice
Donation de l'artiste
Photo : Muriel Anssens
© Niki de Saint Phalle, Adagp
Née à Neuillly en 1930, Niki de Saint Phalle est essentiellement associée à l’image de ses Nanas qui ont fait le tour du monde ou à ses monstres attachants faits de mosaïques et de couleurs vives. Cette rétrospective permet de lever le voile sur des créations moins connues. «Un tiers des pièces de la donation appartient à la première période de l’artiste, avant la création du Nouveau Réalisme en octobre 1960. Des œuvres comme Assemblage painting(1959) ou Parmesan Grater correspondent à une période de révolte contre certaines idées-reçues et préfigurent déjà le tournant que va prendre sa production». De 1961 à 1963, la série des Tirs, basée sur l’organisation et la projection d’objets et de matières sur un support, illustre le travail en commun avec Pierre Restany, dans leur atelier, impasse Ronsin. Cœur de vieille bigote (1964) témoigne de sa période blanche tout comme sa série des Mariées. «À la donation de Niki de Saint Phalle, la ville et l’Etat ont répondu par l’achat de La mariée sous l’arbre, la seule pièce manquante pour reconstituer la production de l’artiste».

Le musée ne s’est pas contenté de présenter la donation. «La rétrospective de 325 œuvres, organisée avec l’aide du musée Schwitters, de la famille de l’artiste et de collections privées, permet de donner un maximum d’informations et d’aborder tous les aspects de sa création. Les artistes des années 60 ne sont pas suffisamment présentés de nos jours. Il faut remonter aux années 80 pour trouver la dernière exposition consacrée à Klein ou à Niki de Saint Phalle». Le musée d’Art moderne et contemporain de Nice se propose de combler cette lacune en offrant à la récente donation une salle au nom de l’artiste qui viendra côtoyer la salle Klein. Pour Gilbert Perlein, il est important de donner une place significative à certaines figures du Nouveau Réalisme. «Les artistes de la collection permanente du musée étaient représentés par une œuvre, un peu comme un dictionnaire. Aujourd’hui, nous disposons d'un nombre de pièces plus important pour des figures telles que Raysse ou Arman». Une exposition testament qui rend hommage à la plus tonitruante des artistes...


 Stéphanie Magalhaes
24.05.2002