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Expositions

© Xing Danwen

Regards croisés sur la Chine d’hier et d’aujourd’hui

La Maison de la Chine à Paris expose Wang Ziewei et Xing Danwen, deux artistes qui, chacun à sa manière, se penchent sur leur pays.

Tous deux nés en Chine dans les années soixante, Wang Ziewei et Xing Danwen vivent entre Orient et Occident. Wang Ziewei, diplômé à vingt ans de l’Académie des Beaux-Arts de Shangaï, vit et travaille entre Vancouver et Shangaï, sa ville natale. Deux ensembles de portraits, Communist killed before 1949 et Chinese Communist representatives, sont ici présentés en regard. Photographies noir et blanc colorisées de grand format, les œuvres de Wang Ziewei adoptent quelques grands traits de l’esthétique warholienne. A l’image des sérigraphies de l’artiste pop, l’effigie semble s’évanouir, les formes se répétent, se superposent. A cette confusion graphique s’ajoute une définition médiocre de l’image. Le grain se fait grossier, atténuant la lisibilité du portraituré et, par là même, sa présence. La coloration rosée évoque, davantage qu’une filiation pop, le rouge, couleur emblématique du communisme. Wang Ziewei capte ici les reflets fantomatiques des victimes communistes, martyrs de la révolution et les visages des dirigeants du parti. A l’heure où le capitalisme fait son entrée en Chine, l’artiste met en scène, au travers de ce dyptique, l’extinction d’une mythologie chinoise et l’effacement progressif de l’aura de ses icônes.
Xing Danwen, quant à lui, se tourne vers la Chine d’aujourd’hui, ses habitants, leur quotidien. Son œuvre prend ici la forme de frises monumentales, assemblages d’une multitude de clichés noir et blanc, non joints bord à bord mais se chevauchant les uns les autres. Pas de volonté illusionniste ici, il ne s’agit pas de recréer une vision panoramique mais plutôt de mettre bout à bout des tranches de vie, de fixer ses semblables dans des actions anodines et insignifiantes : attendre, discuter sur un banc public, nager, etc. L’œuvre prend des accents constructivistes lorsque la photographe fixe en de pures abstractions, des architectures, dans une maîtrise parfaite des jeux d’ombre et de lumière.






 Raphaëlle Stopin
05.07.2002