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Expositions

François Mezzapelle

Mezzapelle, la forme des fantasmes

La galerie Baudoin Lebon dresse une taxinomie des créations burlesques et osées de l'artiste.

L’exposition de la galerie Baudoin Lebon met un peu de gaieté dans l’atmosphère morose du moment avec le bestiaire en résine, à la fois sympathique et inquiétant de François Mezzapelle. On entre par curiosité, en trébuchant dans l’œuvre de cet artiste comme dans un monde fantasmagorique, post-surréaliste et inventif. Figures éberluées et burlesques appréhendent tout juste notre monde et perçoivent confusément qu’elles n’y ont pas leur place. Entre hommes et animaux, elles sont là, en bande, géantes. Ces créatures surprenantes se font la nique, nous font la moue ou la tête. Dégagées de toute anecdote, elles ne cherchent que l’émotion première, vraie et sincère. Et c’est réussi : il y a de quoi intriguer et titiller notre imaginaire, le déranger aussi peut-être... Chaque sculpture est une diablerie, une tentation, une perturbation ou encore une invitation à se laisser-aller à la bonhomie de l’instant. Bonhomie peut-être mais l’artiste joue quand même et surtout, sur nos fantasmes sexuels. François Mezzapelle nous «trompe» énormément, nous materne un peu, nous pointe d’un nez phallique ou nous étouffe en son sein !


François Mezzapelle
Son œuvre en appelle à l’incongru et au grotesque avec un humour pourtant noir et silencieux, voire froid comme la résine de ses sculptures rosées, grises à force d’être poncées. Les inimitables personnages qu’il crée, sont autant hybrides qu’étranges et inqualifiables. Qu’ils soient dessinés ou sculptés, ils peuplent une sorte de planète du dérisoire, surpeuplée de gnomes et de bestioles à l’allure ridicule. Cette taxinomie, cet inventaire atypique, c’est un grain de douce folie qu’entretient le galeriste Baudoin Lebon qui soutient l’artiste depuis 1992 . Ses personnages goguenards et impudiques nous regardent plus qu’on ne les regarde. Étrangement, ils parasitent notre déambulation : «Le regard est, dans un premier temps, capté dans sa position surplombant la foule dans une probable place de la ville. L’échelle réduite des êtres ne rend pas immédiates leurs expressions grotesques. L’aspect ludique de l’ensemble offre au spectateur l’illusion de croire à une échappatoire possible de l’effet miroir». C’est définitivement ludique et un rien excessif. Charmant, tout simplement charmant. Il serait dommage qu’au nom d’une certaine politique, ces sculptures soient taxées de dégénérescence ou de décadence !


 Muriel Carbonnet
23.05.2002