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Expositions

Manifesta, une biennale sur le Main

Francfort inaugure la quatrième édition de sa manifestation d'art contemporain avec, pour maîtres-mots, politique et interactivité.


ROR-Revolutions on Request,
vue de l'exposition Utopia,
musée Kiasma d’art contemporain,
Helsinki, 2001
© Photo: Jani Mahkonen
La quatrième biennale d’art contemporain de Francfort, Manifesta 4, se concentre sur l’interactivité. On la trouve au cœur du projet des commissaires, des artistes et des différents établissements participants. Du point de vue topographique, Manifesta se déroule aussi bien dans des structures institutionnelles que dans des salles d’exposition privées. Les institutions avec lesquelles les organisateurs ont collaboré sont la Frankfurter Kunstverein (l’association artistique de Francfort), l’Außenraum -l’annexe de la Schirn Kunsthalle-, le Portikus et l’école Städel. Mais Manifesta investit également les salles municipales et les stations de métro, sans oublier les médias, et plus particulièrement la télévision.


Bleda y Rosa, Habitación I,
photographie en couleurs, 2001,
124 x 145 cm
© Galerie Visor, Valencia
L’un des principaux lieux d’exposition est le bâtiment de l’administration municipale des eaux, situé dans la Große Rittergasse et déserté depuis des années. Le commissaire, Jens Hofmann, propose avec l’aide d’artistes –Natascha Sadr Haghighian et Tino Sehgal- une vision d’ensemble des méthodes d’exposition. Haghighian se consacre à la présentation des animaux du zoo de Francfort qu’elle appréhende comme un lieu d’expérimentation sur la recherche de la vérité. Quant à Sehgal, il se penche sur le rapport entre les productions artistique et économique. Autres lieux phares de Manifesta : la Kunstverein, fondée en 1829, où les œuvres côtoient les documents de recherche, offrant au visiteur un aperçu sur près de 700 dossiers d’artistes. La new-yorkaise Sal Randolph qui a acheté sa participation à Manifesta 4 auprès de l’artiste Christoph Büchel par l'intermédiaire du site aux enchères Ebay pour 15 099 dollars, a créé une salle du nom de «Free Manifesta», qui n’est gérée par aucun commissaire d’exposition et peut être utilisée par chaque artiste pour y développer ses idées.

Il faudrait également signaler l’Außenraum dans laquelle on rencontre, par exemple, Gianni Motti. Il reconstruit, sur le bord du Main, la cellule du leader kurde Abdullah Ocalan. Celui qui, en 2001, se voyait consacrer une salle entière de l'exposition «Rraum 02», présentera ce projet dans un appartement privé aménagé par Maike Behm et Peter Lütje puis sur la plate-forme d’exposition Ideoblast. Quant à la création de l’artiste turc Altindere, elle est à découvrir dans les avions et sur la chaîne de télévision HR (Hessischer Rundfunk). Elle explore le thème de la politique répressive de l’état turc. Des tranches de la vie quotidienne et la culture underground d'Istanbul y sont transcrits en images avec un humour dont l'artiste faisait déjà preuve dans Hard & Light de 1999, lorsqu’il créait des objets à partir de paquets de cigarettes.




 Sabine Boehl (kunstmarkt.com)
24.05.2002