Home > Le Quotidien des Arts > Internet sans patrie

Le web

Internet sans patrie

Rudolf Frieling, chargé de la section net art à la Biennale de São Paulo, explique ses choix et esquisse les tendances futures.


http://www.ghostcity.com
Les projets internet présentés ont-ils été développés spécifiquement pour la Biennale de São Paulo ?
Rudolf Frieling, commissaire pour la participation étrangère à la section net art, du Centre pour l'art et les médias de Karlsruhe.
Non. J’aurais souhaité qu’il y ait un budget pour commander des œuvres. Seuls les artistes brésiliens ont pu produire quelques œuvres spécifiques pour l’occasion, sans soutien financier de la part de la Biennale.

Comment avez-vous fait votre choix à travers le monde ? Pourquoi pas de créateur africain alors que Alfons Hug, le commissaire général, insistait sur une représentation très large ?
Rudolf Frieling.
La section internationale a été montée en interprétant le thème de cette année, «Iconographies métropolitaines» mais sans être trop «iconographique» si l’on peut dire. En effet, ce terme peut induire en erreur en ce sens que la production artistique sur internet n’est pas préoccupée par la recherche d’une image ou d’une icône mais par des processus, une dynamique, des champs d’action. Les projets sélectionnés se réfèrent aux possibilités de s’engager dans le contexte urbain, que cela soit de façon théorique (groupe A12), géographique (STANZA), visuelle (calc, Zellen, da Rimini) ou socio-culturelle (Lucas, Flax/Scholz, Grzinic/Smid). Enfin, certains projets utilisent internet comme un outil pour créer une interaction personnelle ou sociale, ici plus spécifiquement en ce qui concerne la question du changement d’identité (Bunting/Lialina and Shi Yong). Le fait qu’il n’y ait pas de participation africaine est purement accidentel. Je n’ai pas trouvé de projet qui donne une vision sur ce sujet. D’une façon générale, la production africaine reste très limitée en raison d’un accès imparfait à internet. D’ailleurs, raisonner en termes nationaux n’a aucun sens sur internet. Certains artistes sélectionnés sont difficilement attribuables à un pays, d’autres tentent d’éviter toute référence nationale, jusque dans leur adresse web. Le travail en réseau porte sur la collaboration, pas sur la représentation nationale.

Quelles sont les tendances en cours dans le web art en ce qui concerne les contenus, les messages politiques ?
Rudolf Frieling.
Je préfèrerais employer le terme de net art car il inclut potentiellement des œuvres non basées sur le web et fait donc allusion à une conception plus large du net que celle qui serait limitée à internet uniquement. Une chose que nous n’avons pas pu réaliser pour des raisons financières a été d’inclure des projets qui traitent de la convergence entre l’espace virtuel et l’espace réel dans des installations. C’est là probablement une tendance «lourde», qui a été mise en relief pour la première fois dans l’exposition "net_condition", au Centre pour l’art et les médias de Karlsruhe en 1999. Environments partagés, processus de production collective, programmes organiques et auto-évolutifs seront également des mots-clés dans les prochaines années.


 Rafael Pic
28.05.2002