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Brésil : de la difficulté d'être artiste

La Biennale de São Paulo vient de se conclure. Agnaldo Farias, commissaire de la section brésilienne, analyse le «marché» national.


Eduardo Frota
Les artistes contemporains à avoir reçu une formation à l’extérieur sont-ils nombreux ?
Agnaldo Farias, commissaire du pavillon brésilien.
En réalité, très peu. Et lorsque cela a été le cas – je pense à Ricardo Basbaum, à Rivane Neuschwander et à Miltom Machado, entre autres – il s’est agi davantage d’un complément à leur formation. Ils étaient tous déjà artistes affirmés et avaient fait l’objet d’expositions importantes au Brésil, voire à l’étranger. Il ne s’agit pas là d’un désintérêt : travailler à l’étranger est très attirant mais c’est très cher pour qui survit dans notre économie en crise ! Les possibilités se présentent surtout pour ceux qui sont déjà diplômés, grâce aux bourses du gouvernement. Ce qui concerne donc en premier lieu les artistes liés à l’enseignement universitaire, qui exige des titres au niveau du doctorat.

L’art contemporain se «fait» aussi dans les villes de l’intérieur ?
Agnaldo Farias.
A un degré mineur, naturellement, mais il s’y «fait» aussi. D’ailleurs, pour m’assister, j’ai invité Daniel Acosta, de Pelotas, dans le sud du pays, Vânia Mignone, de Campinas, une ville de plus d’un million d’habitants, au centre de l’état de São Paulo, et Marepe, qui est de Santo Antônio de Jesus, dans l’état de Bahia.

Qui sont les collectionneurs d’art contemporain ? Et qui constitue son public ?
Agnaldo Farias.
Les principaux collectionneurs sont Gilberto Chateaubriand, à Rio de Janeiro, et José Olympio, Ricardo Akagawa et João Carlos Figueiredo Ferraz, à São Paulo. Le public est formé d’intellectuels, de professions libérales – architectes, publicitaires, avocats, etc – et d’étudiants universitaires.


Marepe
Existe-t-il une politique gouvernementale d’appui à l’art contemporain ?
Agnaldo Farias.
Les soutiens que reçoit la culture se rencontrent davantage au niveau des états et des municipalités qu’au niveau fédéral. Ils permettent de déduire une partie de son revenu imposable pour le consacrer à des investissements dans le domaine de la culture. Ces lois sont peu à peu améliorées mais beaucoup doit encore être fait. Il suffit de souligner qu’alors qu’elles avaient été conçues pour tirer les musées de leur situation critique, elles ont surtout servi à ce que de grandes contribuables – banques ou autres entreprises du tertiaire – créent leurs propres organismes culturels. Il ont ainsi fait naître une concurrence déloyale et en ont tiré au passage un double bénéfice – fiscal et marketing puisque cela leur permet de véhiculer leur image.


 Rafael Pic
03.06.2002