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Patrimoine

Le monde en ce jardin

Le Festival international des jardins vient d'ouvrir. Jean-Paul Pigeat, son directeur, fait le point sur dix ans d'expérimentations qui ont vu intervenir des paysagistes du monde entier.


Green Phantasy Lanscape
G. Reynes-Dutertre, A.Delacroix,
Ph. Dutertre et P.Debruyn.
À l’origine, quelles étaient les ambitions du festival ?
Jean-Paul Pigeat. Le festival est né d’un projet qui devait se tenir au Centre Pompidou à Paris. Nous voulions inviter de grands paysagistes internationaux à installer des jardins devant Beaubourg, sur la grande place. Cela n’a pu aboutir pour des raisons purement financières. Toutefois, Jack Lang était très intéressé par cette idée pour la ville de Blois. Nous avons cherché un lieu pour accueillir les créations des paysagistes et nous avons finalement opté pour le château de Chaumont-sur-Loire avec le double objectif de faire revivre le domaine et de donner naissance au Festival des Jardins. Comme en architecture, même si beaucoup disaient alors le contraire, il y avait un véritable mouvement de création contemporaine dans les métiers du paysage. Cet élan n’était pas connu du grand public puisqu’il n’y avait pas véritablement de lieu pour le mettre en valeur. Notre ambition était donc de faire connaître ces créateurs tout en leur proposant un tremplin.

Les objectifs ont donc été atteints ?
Jean-Paul Pigeat. Oui. Largement, puisque le nombre de visiteurs s’accroît chaque année et que nous avons préservé la qualité du festival. Nous assurons également la gestion du château. Nous y organisons des activités hors-saison. Le jardin est un sujet très vivant et nous avons beaucoup de demandes.


Projet : Le jardin Flou
Luis Bisbe, Sara Dauge, Alex Aguilar,
Pernilla Magnusson, Arola Tous et
Silvia Vespasiani, Barcelone, Espagne.
Combien de visiteurs se rendent à Chaumont tous les ans ?
Jean-Paul Pigeat. Nous avons reçu 163 000 visiteurs l’été dernier. En 1999, 154 000, l’année d’avant 140 000, etc. Nous avons donc une progression de 15 000 à 20 000 personnes par an. La première édition, qui n’a ouvert que durant deux mois, comptait 50 000 visiteurs, ce qui n’était déjà pas si mal.

Comment est financé le festival ?
Jean-Paul Pigeat. Son budget est de 3 à 4 millions de francs (environ 460 000 à 610 000 euros). Nous sommes une des rares institutions à être auto-financée à 80 %. Cela est possible grâce aux revenus du festival et du bureau d’étude. La région nous donne 4 millions de francs (609 756 euros) et le département 1 million (152 439 euros). Nous ne recevons aucun soutien de l’Etat. Le nouveau ministre de la Culture, Jean-Jacques Aillagon, que j’ai connu lorsque je travaillais à Beaubourg, s’intéresse toutefois au lieu.

Qu’attendez-vous de l’Etat ?
Jean-Paul Pigeat. Essentiellement une aide pour le château qui lui appartient. Nous avons récemment investi 30 millions de francs (4 573 170 euros) de travaux dans le bâtiment. Un soutien de ce côté-là serait le bienvenu.

Quels sont vos projets ?
Jean-Paul Pigeat. Nous allons changer la formule du concours, mais cela n’aura pas d’incidence sur le résultat proposé aux visiteurs. Nous souhaitons ouvrir le site plus de cinq mois par an, en développant d’autres activités, par exemple des expositions. Notre gros projet reste l’aménagement d’un morceau de parc de 17 hectares récemment acquis. Je voudrais le transformer en arboretum et en jardin expérimental. Nous élaborons un partenariat avec l’Education nationale pour former des professeurs des écoles à la sensibilité du jardin.

Pouvez-vous nous dire deux mots sur l’édition de cette année.
Jean-Paul Pigeat. Cette année le thème est l’érotisme au jardin. C’est un thème coquin et amusant, mais aussi poétique : un vrai sujet de jardin.


 Laure Desthieux
03.06.2002