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Le Cinquantenaire revoit son Moyen Age

Le musée bruxellois inaugure son nouveau circuit d'art ancien. Visite guidée de Claudine Deltour-Levie, chargée de la coordination générale du projet.


© Musée du Cinquantenaire
Fermées depuis cinq ans, les salles consacrées aux œuvres médiévales et baroques retrouvent enfin leur statut. «Cela faisait près de vingt ans que la présentation n’avait pas été révisée. Les mesures de sécurité des vitrines n’étaient plus conformes et la philosophie du circuit était devenue désuète. Réparties en quinze salles, sur une surface de près de 1400 mètres carrés, les quatre cents pièces présentées illustrent une sélection plus ciblée et une attention particulière accordée à l’aspect didactique». Parois abattues, faux plafonds démontés, les salles ont retrouvé leur volume d’origine. Ainsi, le grand salon d’honneur de plus de trente mètres de long contenant les huit tapisseries de l’Histoire de Jacob peut, à nouveau, évoquer l’ampleur de ce que l’on appelait «une chambre de tapisseries». Chaque section est annoncée par un panneau explicatif en quatre langues tandis qu'un travail didactique explique la fabrication des retables et la réalisation des tapisseries. Le mobilier reste sobre, traditionnel et tente de favoriser le dialogue entre les œuvres. «La salle consacrée aux textiles de la fin du 15e siècle au début du 16e siècle en est un parfait exemple. En regard de la tapisserie illustrant la bataille de Roncevaux, une vitrine présente des armures et un cor gravé de scènes tirées de l’histoire de Roland. Les objets s’illuminent entre eux».

Présentée depuis 1889, la collection est essentiellement constituée par des donations, qui ont commencé dans les années 1860, et des acquisitions qui, aujourd’hui encore, contribuent à son enrichissement. «L’année dernière nous avons acquis deux sculptures d’art mosan du 13e siècle ainsi qu’une tapisserie du 16e siècle. Outre notre collection de retables, parmi les plus importantes au monde, nous présentons également un fonds d’argenterie du 17e siècle dans lequel figure un plat d’Augsbourg en argent. Toute une vitrine est consacrée à ces créations qui reflètent l’art de paraître de cette époque. Citons également le mobilier et des vitraux de la région rhénane comme ce Joueur de cornemuse caractérisé par des couleurs rouges et bleues chères au Moyen Age». La sélection accorde autant d’attention à des tapisseries de neuf mètres de long comme les Scènes de la Passion qu’à des petites cuillères en argent.

«Durant les travaux, les œuvres ont voyagé à Barcelone et à Malaga par l’intermédiaire de la banque mécène espagnole, la Caixa. Certaines pièces ont bénéficié d’études approfondies et de traitements. Des analyses dendrochronologiques ont notamment permis de définir la provenance de certains bois de retables». Le budget général est réparti entre la Régie de Bâtiments (plus de 920 000 euros) qui finance l’infrastructure et le musée (plus de 290 000 euros) chargé de l’aménagement intérieur. «Cela fait trois ans que nous travaillons à ce projet et nous espérons bien faire découvrir ou redécouvrir notre collection aux habitants de Bruxelles et aux visiteurs étrangers».


 Stéphanie Magalhaes
04.06.2002