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Lutter contre le pillage culturel

L'UNESCO tente de rétablir l'ordre au Pakistan, principale plaque tournante d'œuvres d'art volées en Afghanistan.

ISLAMABAD, 31 mai (AFP) - Les Nations Unies s'apprêtent à lancer une nouvelle initiative pour que le Pakistan cesse d'être la principale plaque tournante du trafic des oeuvres d'art pillées en Afghanistan, a annoncé vendredi à Islamabad un responsable de l'UNESCO. Le Pakistan est la principale plaque tournante d'oeuvres d'art volées pendant les guerres des deux décennies passées en Afghanistan, a déclaré lors d'une conférence de presse Mounir Bouchenaki, adjoint pour la culture au directeur général de l'UNESCO. "Nous sommes dans une terrible situation où des gens se livrent à des fouilles illégales (en Afghanistan), qui débouchent sur un trafic d'objets passant par le Pakistan", a-t-il expliqué, soulignant que ce pays est "le principal lieu de passage du trafic illicite depuis l'Afghanistan". M. Bouchenaki a expliqué que cette initiative serait plaquée sur celle lancée par l'UNESCO pour lutter contre la contrebande d'objets d'art depuis le Cambodge, à travers la Thaïlande, pendant l'époque khmère rouge. "L'UNESCO est prête à travailler avec le Pakistan comme elle l'a fait avec la Thaïlande et le Cambodge pour mettre fin à ce commerce", a-t-il indiqué. Après une rencontre avec le ministre pakistanais de la Culture S.K. Tressler, le responsable de l'UNESCO a souligné que les autorités pakistanaises étaient "pleinement d'accord avec le fait qu'un certain nombre de mesures doivent être prises pour faire face à ce terrible phénomène". "Le ministre a dit très clairement que le gouvernement pakistanais est très conscient et a la volonté d'accorder la plus grande attention au problème", a-t-il ajouté.

M. Bouchenaki, qui a assisté la semaine dernière à une conférence de l'UNESCO à Kaboul sur l'héritage artistique afghan en péril, a souligné qu'il n'existait pas de statistiques disponibles sur ce problème. "Nous savons qu'environ 60 pc des objets qui étaient exposés dans le musée de Kaboul ont été détruits, mais nous ne pouvons pas dire, faute de preuves, s'ils ont été détruits ou envoyés à l'extérieur", a-t-il dit. "A propos des sites archéologiques, les seules informations viennent des constatations des experts qui ont vu des trous dans les murs et le sol des différents sites", a indiqué M. Bouchenaki. "Des statues, têtes de bouddhas... comme au Cambodge, ces objets sont très attirants et recherchés par les collectionneurs", a-t-il expliqué. M. Bouchenaki a dit que le dispositif de lutte contre le trafic consisterait dans des mesures de contrôle ainsi qu'un programme d'éducation pour informer les citoyens sur la valeur réelle de ces objets. "Les mesures de régulation sont très importantes et il doit y avoir un renforcement du contrôle des sites mais aussi des frontières", a-t-il dit. Mais la frontière entre le Pakistan et l'Afghanistan est étendue et poreuse, la campagne militaire américaine a du mal à contrôler les infiltrations de combattants d'Al-Qaïda et des talibans, plus encore des objets d'art. "Vous ne pouvez pas mettre un policier à côté de chaque citoyen. Ce n'est pas la façon d'agir", a reconnu M. Bouchenaki. "C'est pourquoi nous avons réussi (au Cambodge et en Thaïlande) quand différentes actions étaient mises en place, des séminaires publics, ateliers de travail, programmes dans les écoles, spots radio-télévisés, annonces dans les journaux", a-t-il expliqué, affirmant qu'il était possible ainsi "au moins de réduire le niveau de contrebande qui est actuellement très, très élevé". La conférence de Kaboul a établi des priorités pour le gouvernement afghan et les experts, afin de reconstruire l'héritage culturel du pays. La première priorité sera de restaurer le musée de Kaboul, très endommagé par la guerre des années 90, puis tombé aux mains des talibans qui ont ordonné la destruction d'une grande partie des statues.

Par Sarah STEWART

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  AFP
03.06.2002