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Le voyage en Afrique,
© Laurent Monlaü / éditions
Marval, 2002.

L’Afrique, d’un extrême à l’autre

Le photographe Laurent Monlaü propose un voyage en images sur les pistes du Sahel.

De Dakhla dans le sud du Maroc à Dakhla en Égypte, ce parcours photographique traverse neuf pays d’Afrique. Laurent Monlaü tient un journal de bord, qui nous mène de villes en campements. Ces 140 photographies, sans légendes, sont des portraits, des paysages ou des vues urbaines. La lumière est contrastée, les couleurs vibrantes et les sujets semblent être pris sur le vif.

Les clichés de Laurent Monlaü, comme ses textes, laissent transparaître l’atmosphère étouffante qui l’entoure. On découvre les jeunes islamistes amateurs de kick-boxing de Casablanca ou une vue de Bamako la nuit d’une des collines qui surplombe la ville, «...qui, la nuit venue, s’étale dans un flot de lumière comme un irréel Los Angeles africain de carton-pâte». Un imam de Dioura pose fièrement. Peut-être, songe-t-il à la quatrième femme qu’il va épouser, en dépit des protestations des trois précédentes. Des touaregs dans le désert du Ténéré, des Peuls au Niger, ou encore des photos, presque irréelles, d’enfants maigres armés de kalachnikovs laissent découvrir une Afrique au quotidien dur et angoissant. A mi-chemin entre le reportage et la photo d’art, certains clichés sont d’une beauté saisissante. Par exemple, cet enfant de Ouagadougou, sur un fond de nuit mauve, entouré d’arbustes aux feuilles géantes, ou encore, au Soudan, ce “grand baobab majestueux” qui abrite l'auteur et ses compagnons sous la pleine lune. La fête du Ramadan au Niger est l’occasion de nombreux portraits. Hommes et femmes se parent de breloques et se maquillent d’un fond de teint jaune qui brille dans la nuit. Enfin, l’arrivée à l’oasis de Dakhla en Égypte est vécue avec soulagement. Dans l’eau rafraîchissante du bassin dans lequel il se baigne, l’auteur réalise : “ça y est, c’est fait, le voyage se termine”.

Laurent Monlaü a entrepris ce périple en Land Rover durant six mois, en 1997-1998. Il apporte un témoignage brut de l’Afrique. Ce parcours n’est pas dénué de danger et se situe bien loin de la vision romantique des grands explorateurs du 19e-20e siècle. Photographe depuis les années 1970, il a voyagé de nombreuses fois en Afrique du Nord. Il a également publié, en 1998, un ouvrage intitulé Maures, portrait de ce peuple du désert.


 Laure Desthieux
02.07.2002