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Patrimoine

Polynésiens, qui êtes-vous ?

Un colloque international en Nouvelle-Calédonie fera le point sur l'origine du peuplement dans le Pacifique sud grâce aux travaux d'archéologues et de chercheurs.

SUVA, 7 juin (AFP) - Le Pacifique Sud demeure encore peu explorée en matière de recherches archéologiques, un demi-siècle après que des chercheurs américains eurent identifié les origines du peuplement de la région en Nouvelle-Calédonie. Le cinquantième anniversaire de la découverte du site de Lapita, qui a donné son nom à une culture préhistorique de la région, fera l'objet le mois prochain d'une conférence internationale à Koné et Nouméa, en Nouvelle-Calédonie. Plusieurs centaines d'archéologues travaillant sur la préhistoire océanienne vont présenter les travaux en cours lors de la Conférence internationale pour le cinquantenaire de la première fouille de Lapita (juillet 1952). Archéologie du Pacifique : bilans et perspectives (31 juillet - 7 août).«C'est une conférence très importante pour nous. Nous avons besoin d'en finir avec le mythe, datant de l'époque des missionnaires et encore répandu au sein de nos populations, affirmant que nous venons de Tanganyika en Afrique», a souligné Sagale Buadromo, directeur du musée des Fidji.

Le peuplement de la Polynésie - couvrant un triangle d'Hawaï au nord à la Nouvelle-Zélande au sud-est et à l'île de Pâques à l'est - a longtemps suscité la controverse. La théorie de l'explorateur norvégien Thor Heyerdahl, récemment décédé, qui a relié en 1947 à bord du radeau Kon-Tiki l'Amérique du Sud à la Polynésie pour démontrer que des natifs du continent américain auraient pu peupler les îles polynésiennes, a finalement été écartée. Deux mois avant l'expédition du Kon-Tiki, Edward Gifford, un professeur de l'université de Berkeley avait quitté le port de San Francisco en direction de l'archipel des Fidji pour y effectuer des recherches. Cependant ce n'est qu'en 1952, en Nouvelle-Calédonie, sur la presqu'île de Foué (côte ouest), que le professeur américain fera sa découverte majeure, qui marquera le début de la recherche archéologique moderne dans le Pacifique sud-ouest. Edward Gifford y a découvert des tessons de poterie portant des décors en pointillés dont les datations au carbone-14 firent remonter la présence humaine sur ce site à environ 2800 ans avant J.-C. Le site fut baptisé «Lapita» par les archéologues américains, qui avaient retranscrit approximativement le nom du site en langue vernaculaire Haveke, «là où on creuse». Des poteries Lapita furent ensuite trouvées sur plus d'une centaine de sites sur une zone allant de la Papouasie-Nouvelle-Guinée à l'ouest de la Polynésie, distant de plus de 4 000 kilomètres, abolissant ainsi une supposée frontière entre le peuplement de la Polynésie et celui de la Mélanésie. Jamais avant les découvertes du professeur Gifford, l'hypothèse d'un peuplement aussi ancien du Pacifique n'avait été avancée. Le peuple Lapita était originaire d'Asie du Sud-Est est mais sa physionomie a évolué en raison de la diversité des environnements de l'Océanie, qui nécessitait des comportements de survie différents.

Alors que de nombreuses questions sur le peuplement du Pacifique demeurent en suspens, de nouvelles fouilles doivent bientôt commencer sur les immenses dunes de sables de Sigatoka, dans l'archipel des Fidji, sous la direction d'une équipe de l'université Simon Fraser à Vancouver (Canada).«Fidji est un site tout simplement incroyable. A chaque fois que je viens, il y a quelque chose de complètement nouveau. Tant de projets sont à mettre en oeuvre ici», estime l'archéologue David Burley qui mènera les fouilles. «L'un des domaines de recherches, qui demande encore beaucoup de travail, est la collecte d'informations orales auprès des populations dans les villages pour savoir d'où viennent ces gens, où ils se sont installés à l'origine? Dans cent ans, ces données auront une valeur inestimable», dit-il. L'archéologue met cependant en garde sur les risques de voir disparaître à jamais des pièces essentielles du puzzle de l'histoire du Pacifique si les gouvernements locaux n'y consacrent pas les fonds nécessaires.

Matelita RAGOGO

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  AFP
08.06.2002