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Marché

De la céramique avant toute chose

Dans le tourbillon des foires internationales, la Ceramics Fair de Londres, qui fête deux décennies d’existence, est devenue un point de repère malgré ses dimensions modestes.


Kate Malone, 2001
Bouteille aux bourgeons d’ail,
hauteur : 34 cm.
Peu de stands (une trentaine dont deux français, Dragesco-Cramoisan et L’Herrou), dans les salons feutrés d’un grand hôtel, le Park Lane, en bordure de Kensington Gardens : la Ceramics Fair n’est pas conçue pour attirer les foules. Elle se satisfait de ses sept ou huit mille visiteurs annuels, qui ont le sentiment de faire partie d’une même famille. Les innovations viennent à point nommé, sans précipitation. Ainsi, si l’espace «Antique Worcester» est traditionnellement l’un des plus courus, l’Art déco n’a droit de cité que depuis cette année, notamment sur le stand de Mallett, tout comme la poterie contemporaine britannique.


Paire de chevaux avec selles
détachables, dynastie Tang,
VIIe siècle, h. : 39,5 cm,
© Priestley and Ferraro
Au départ, une grève…
Brian Haughton est un exposant d’un type particulier puisqu’il est aussi le concepteur et l’organisateur de la Ceramics Fair. «La foire existe depuis vingt ans. Pourquoi l’avons-nous créée ? A l’époque, il n’existait rien de similaire dans le monde. De plus, cette année-là, en 1982, si vous vous en souvenez, il y avait une grève à Grosvenor House, donc pas de Grosvenor Fair, ce qui fait que la marché était assez apathique.» L’intuition a dû être bonne puisque le couple Haughton, après l’International Ceramics Fair, a pu mettre sur pied des événements de plus grande ampleur comme l’Asian Art Fair et la Fine Art Fair, toutes deux à New York. «La queue du premier jour n’est pas exagérée. Certaines personnes dorment sur place pour entrer les premiers. En effet, nous n’avons pas de vernissage et les collectionneurs de céramique, à la différence d’autres catégories de collectionneurs, sont vraiment des fanatiques. lls sont prêts à tous les sacrifices pour être les premiers à voir une pièce.»

Parole d’expert
L’un des points forts de la manifestation est son programme de conférences, confiées à des spécialistes. Cette année, on y verra Meredith Chilton, du Gardiner Museum au Canada, qui évoquera les personnages de commedia dell’arte produits par les manufactures européennes, Rose Kerr, du Victoria & Albert Museum, Antoinette Fay-Hall, du musée de Sèvres, ou Elizabeth Adams, qui présentera Nicholas Sprimont et la manufacture de Chelsea entre 1744 et 1769. Les néophytes ont-ils leur place dans le sérail ? «Nous présentons des chevaux chinois qui coûtent 500000 £. Certaines porcelaines européennes peuvent aussi atteindre des prix très élevés, notamment dans le cas d’animaux de Meissen, qui peuvent se négocier aux environs de 100000 £. Mais l’on peut commencer ici une collection en investissant 500 £ sur un plat de Worcester…»


 Rafael Pic
14.06.2002