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Quand l’Occident rencontre l’Orient

Ou comment et en quoi l’architecture et la décoration des pays islamiques ont inspiré les pays occidentaux. Telle est la démonstration que nous livre Miles Danby dans ce livre.

Une grande partie du texte s’attache à décrire les principaux éléments architecturaux définissant ce style mauresque – conception toute occidentale comme tient à le préciser l’auteur - avant d’expliciter les influences concrètes. Après une approche historique de rigueur préfigurant l’ensemble de l’ouvrage, le livre en approfondit les principales caractéristiques : utilisation des éléments dans l’espace (baies, cour, plafonds, etc.), ornementation (calligraphie, arabesques, etc.), puis matériaux (marbre, bois, briques, etc.) et artisanat (faïence, tapis, verrerie, etc.). Le livre fait une synthèse des arts ottoman, hispano-arabe, perse, moghol, etc., en notant leurs particularités respectives. De ce point de vue, art islamique était un titre qui aurait tout aussi bien pu convenir s’il ne sentait le déjà lu.

L’invention d’un style
Heureusement, les deux derniers chapitres sauvent l’auteur d’une telle accusation. Il nous livre enfin les clés de cet art vu d’Occident, pour l’essentiel des créations anglaises du XIXe siècle, dont les prémices, au siècle précédent, sont nées d’un goût pour l’exotisme lié à la création de la Compagnie des Indes en 1600. Dès lors, la vogue des constructions exubérantes, encouragée par les croquis et récits des artistes orientalistes, ne se dément plus et s’étend des pays colonisateurs jusqu’aux Amériques. Ce syncrétisme artistique tisse des liens entre l’architecture et les arts décoratifs. Enfin, une toute petite place est accordée au XXe siècle : le style mauresque, après 1945, est en perdition. De cet ultime tour d’Occident, seuls émergent l’Institut du monde arabe ou l’Ismaili Center à Londres marqués par une sobriété des formes qui tranche avec les couleurs et les arabesques passées. En dépit de chapitres au découpage parfois arbitraire, l’ouvrage reste cohérent. L’écriture, descriptive, cherche à s’éloigner du carcan universitaire, trop souvent inhérent à ce type d’études. La qualité des illustrations, malgré le flou peu artistique de certaines reproductions (les miniatures persanes, par exemple), sert parfaitement les pages. L’avantage : la liste des lieux à visiter, pour touristes dorénavant avertis.


 Nolwenn Chauvin
20.06.2002