Danemark

COPENHAGUE, 19 juin (AFP) - Un artiste provocateur danois d'origine chilienne, Marco Evarista, 39 ans, a fait une trentaine de peintures à l'héroïne, et compte offrir prochainement cette drogue gratuitement aux toxicomanes, a-t-il annoncé mercredi à l'AFP. Il entend ainsi « protester personnellement contre la paresse des hommes politiques incapables de s'attaquer aux problèmes de la toxicomanie dans la société », a-t-il expliqué.

Il avait défrayé la chronique en février 2000 avec une exposition controversée au musée de Trapholt à Kolding (sud-ouest) de petits poissons rouges dans des mixeurs, laissant aux visiteurs le choix d'appuyer ou non sur le bouton pour mettre en marche l'appareil et transformer les poissons en bouillie. « Je voulais laisser les gens face à leur conscience, leur libre arbitre, leurs instincts, de déclencher ou non le bouton de la mort », avait-il expliqué à l'époque. La police, suite à une plainte des « Amis des bêtes », l'a inculpé depuis de violation de la loi sur les animaux. Son procès s'ouvrira en septembre.

Il veut maintenant « attirer l'attention sur la paresse de ceux qui nous gouvernent, qui sont impassibles face au fléau de la drogue et sur la criminalité dans son sillage ». Il a indiqué avoir acheté lui-même l'héroïne sur le marché noir, ce qui lui a lui coûté environ 100 000 couronnes (13 440 euros) et a admis « l'illégalité » de son acte. L'artiste expose actuellement quelques unes de ses toiles à l'héroïne au musée de Vejle (ouest), et prévoit de faire un happening bientôt à Copenhague, en distribuant à partir d'une voiture à saucisses, transformée en clinique, des seringues à l'héroïne aux toxicomanes, dont le nombre s'élève à quelque 12 000 dans le pays. « Cette distribution sera faite sous la surveillance d'une infirmière afin d'empêcher les drogués, pour un temps, de commettre des actes criminels ou de se prostituer pour acheter leurs doses quotidiennes », a expliqué l'artiste qui avait quitté le Chili en 1986 pour rejoindre au Danemark sa femme danoise.

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