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Expositions

Adieu au rail…

Les clichés réalisés en 1963 par Aaron Rose, jamais révélés, mettent en scène la destruction de l’ancienne gare de Manhattan, Penn Station.


Sans titre, de la série Les Derniers
jours de Penn Station
, vers 1965
© Aaron Rose. Don de l’artiste /
Museum of the City of New York
Le photographe Aaron Rose n’a pas 25 ans lorsqu’il décide d’immortaliser les derniers jours de Penn Station. Né à Brooklyn et amoureux de New York, il est déchiré par la nouvelle de sa destruction. Pennsylvania Station a été achevée en 1910 par l’architecte Charles McKim. Elle desservait, comme son nom l’indique, l’État de Pennsylvanie, ainsi que Long Island. Dès les années 1950, la compagnie Pennsylvania Railroad, en déficit, cherche à vendre l’emplacement. Ce sera chose faite au début des années 1960, pour y construire un imposant complexe sportif, le Madison Square Garden. La démolition de l’édifice aura toutefois directement contribué à l’instauration d’un comité de préservation de la ville de New York.


Sans titre, de la série Les Derniers
jours de Penn Station
, vers 1965
© Aaron Rose. Don de l’artiste /
Museum of the City of New York
Vestiges d’un monde oublié
« Aaron Rose était alors photographe en free-lance. Le soir et les week-ends, il s’introduisait discrètement sur le chantier pour réaliser des prises de vues. Les mesures de sécurité alors étaient peu importantes. Aujourd’hui, une telle expédition serait impossible », explique Bob Shamis, commissaire de l’exposition. Les quarante-cinq clichés de l’artiste ne seront pas développés pendant plus de trente ans. « Rose était tellement bouleversé qu’il ne voulait pas voir ces images. Il les a conservées dans un réfrigérateur, jusqu’à ce que son ami Norman McGrath les lui rappelle des années plus tard , précise Bob Shamis. Les images se sont révélées voilées, ce qui leur donne une qualité particulière. Elles évoquent des dessins et des photographies du XIXe siècle décrivant, par exemple, l’intérieur des pyramides d’Égypte. » Pour certaines photographies, Aaron Rose a grimpé au sommet du bâtiment. « L’un des clichés montre une colonne de style corinthien partiellement détruite et laisse découvrir la structure métallique intérieure. L’architecture de la gare était en partie inspirée des thermes de Caracalla dans la Rome antique. De nombreuses photographies suscitent un sentiment de perte et d’abandon. C’est une vision d’un monde ancien et oublié. »


 Laure Desthieux
06.07.2002