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Expositions

Effluves orientaux dans le Lot-et-Garonne

Le musée des Beaux-Arts d’Agen s’enrichit d’une importante collection d’antiquités orientales offerte par le diplomate libanais Camille Aboussouan.


Figurine de couple,
terre cuite, Syrie du nord,
XIXe siècle av. J.-C.
© Photo : Bernard Dupuy,
Eyliac
Comment expliquer une telle donation au musée ?
Marie-Dominique Nivière.
Au départ, il s’agit d’une belle histoire. Native de la région d’Agen et diplômée du Conservatoire de Paris, la mère de Camille Aboussouan est recommandée au vizir de Constantinople. À l’âge de 18 ans, elle part enseigner la musique aux enfants de celui-là et rencontre son futur mari. Né à Beyrouth en 1920, Camille Aboussouan souhaitait, par la donation de sa collection, honorer la mémoire de sa mère. Les liens entre la France et le Liban ont toujours été très forts. Après une première donation, de près de deux cents objets, en 1998, le collectionneur décide de léguer la totalité de sa collection, soit mille six cents pièces au total.

Quel type de collectionneur est-ce?
Marie-Dominique Nivière.
Élevé dans un milieu cultivé, Camille Aboussouan a, dès son plus jeune âge, fréquenté les intellectuels du pays. Sa passion pour l’archéologie a commencé à 16 ans. Les pièces qui constituent sa collection sont en règle générale de petites dimensions et vont du IV millénaire avant J.-C., à l’époque des Croisades. Sa rencontre avec Maurice Chehab, archéologue libanais à l’origine du musée de Beyrouth, contribue à son initiation. Aujourd’hui âgé de 83 ans, Camille Aboussouan continue à entretenir une relation forte avec ses objets. Deux conditions ont accompagné sa donation : la publication d’un catalogue et l’ouverture d’une salle consacrée à ses œuvres.


Figurines zoomorphes,
taureaux, terre cuite, Syrie,
XIXe siècle av. J.-C.
© Photo : Bernard Dupuy, Eyliac
Comment sont présentées les pièces dans le musée ?
Marie-Dominique Nivière.
Jusqu’à présent, seuls le Louvre et le musée des Beaux-Arts de Lyon possédaient un fonds d’antiquités orientales. Comme beaucoup de musées de province, notre fonds archéologique se concentrait essentiellement sur les découvertes régionales. Il est intéressant aujourd’hui de mettre en miroir ces pièces avec la nouvelle donation. En attendant la restructuration prochaine du musée, les cinq cents pièces sélectionnées pour l’exposition sont présentées dans la salle dite « du Tintoret ». Nous avons pris le parti de préserver l’architecture du lieu, ancienne salle de réception, tout en protégeant les œuvres. Les douze vitrines transparentes, éclairées par un grand abat-jour blanc, reproduisent l’ambiance d’une maison de collectionneur.

Quelles sont les pièces majeures de cette collection?
Marie-Dominique Nivière.
Nous avons voulu présenter au public les grandes lignes de la collection depuis les petites Figures féminines en terre cuite (3000 avant J. C.), déesses de la fécondité, aux monnaies de l’époque des Croisades. Une série de chariots miniatures caractéristiques de la Syrie du Nord, des représentations d’animaux de nature votive et des sceaux-cylindres constituent des pièces importantes pour la connaissance de la civilisation orientale. Dans une vitrine consacrée aux premières écritures est exposé un clou de fondation en argile sur lequel figure un texte de Goudea en écriture cunéiforme. Le visiteur pourra également apprécier des vases tournés du IIe millénaire, un premier spécimen de céramique dite métallique, une coupe en alliage cuivreux décorée de gouttes d’argent.


 Stéphanie Magalhaes
24.06.2002