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Expositions

Sur les traces de Samarra

Les archives personnelles de l’archéologue Ernst Herzfeld, réunies au Metropolitan, témoignent des vestiges disparus de la ville de Samarra (Irak).


Peinture murale de chameau, serdab
du Palais Jawsaq al-khaqani
, 1927.
Aquarelle préparatoire. The Metropolitan
Museum of Art, Herzfeld Archive,
Department of Islamic Art.
Ernst Emil Herzfeld (1879-1948), pionnier de la recherche en art islamique, obtient un doctorat spécialisé dans le Proche-Orient en 1907 à l’université de Berlin. En 1911, il reçoit l’autorisation, auprès des autorités ottomanes, d’excaver le site de Samarra. Le chercheur a publié de nombreux ouvrages sur la cité disparue, parmi lesquels des volumes sur les céramiques (1925, 1930), les fresques (1927), le verre (1928) et l’histoire de la ville (1948). Les vestiges de la capitale des califes abbassides de 836 à 892 sont malheureusement aujourd’hui détériorés, voire détruits. Les livres d’Herzfeld constituent donc une documentation de premier ordre.


Peinture murale de caille
(reconstitution), harem du palais
Jawsaq al-khaqani
. Aquarelle
préparatoire. The Metropolitan
Museum of Art, Herzfeld Archive,
Department of Islamic Art.
Rêves orientaux
Ses archives personnelles également. Sont rassemblés dans l’exposition des carnets de croquis et de voyage, des aquarelles, des encres, des cartes, ainsi que de nombreuses photographies - au total une cinquantaine de documents, habituellement conservés à la Freer Gallery of Art (Washington D.C.) et au Metropolitan Museum. Herzfeld reprend les motifs des décors muraux des palais et des mosquées retrouvés dans ses fouilles. S’il les reproduit dans leur état de conservation dans ses publications, il s’amuse aussi à imaginer leur version originale. Une aquarelle décrivant une série de cailles sur fond rouge est la reconstitution d’un décor du harem du palais Jawsaq al-khaqani. Des cartes réalisées à l’encre sur papier millimétré reproduisent le palais du calife. Les annotations d’Herzfeld indiquent les fonctions de chaque salle, comme celle du trésor ou encore la grande esplanade et la cour d’honneur. On retrouve cette ambiance digne des Mille et Une nuits dans de nombreux détails. L’archéologue utilise, par exemple, l’image du célèbre minaret en spirale de la grande mosquée de Samarra pour en faire son ex-libris. Fuyant le nazisme, Herzfeld s’installe aux États-Unis en 1935. Il enseigne jusqu’en 1947 à l’université de Princeton. Sa passion pour le Proche-Orient aura raison de sa santé. Lors d’une mission au Caire en 1947, il tombe gravement malade. Rapatrié en Suisse, il s’éteint le 21 janvier 1948.


 Laure Desthieux
11.07.2002