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Patrimoine

Trésors engloutis

Le musée de la Marine, à Port-Louis, accueille les résultats des fouilles sous-marines de Franck Goddio.

PORT-LOUIS (Morbihan), 21 juin (AFP) - Vaisselle en porcelaine de Chine, astrolabe de mer : des trésors disparus au fond des mers racontent, à partir de samedi, douze siècles d'échanges maritimes entre l'Orient et l'Occident à la citadelle de Port-Louis dans le cadre de l'exposition du Musée national de la Marine, "Trésors d'Océans". Plus de 150 objets témoins sont rassemblés dans un nouvel espace thématique consacré à l'archéologie sous-marine sur la route des Indes. Chargées de rêves, nombre d'embarcations ne sont jamais rentrées de leur long périple et se sont "évanouies" au fond des océans. Le voyage, tragiquement interrompu dans l'espace, peut se poursuivre dans le temps grâce à des chercheurs en archéologie sous-marine dont les découvertes ont permis de récupérer des objets qui relatent cette odyssée. Après sept siècles de domination arabe sur le commerce maritime dans l'Océan indien, les Européens atteignent à la fin du 15ème siècle l'Orient mystérieux. Les fabuleuses richesses des Indes et de la Chine qui faisaient tant rêver les Occidentaux deviennent réalités. Portugais, Hollandais, Espagnols puis Anglais et Français se disputent alors un lucratif marché d'épices, de parfums, de drogues, de tissus, de soieries et de porcelaines, et bâtissent des empires. "90% des produits rapportés par les vaisseaux ne sont jamais arrivés à bon port, le fond des océans est le plus grand musée du monde", assure le contre-amiral Georges Prud'homme directeur du Musée national de la Marine. "On estime à plus de trois millions le nombre d'épaves inconnues", ajoute-t-il.

Le drame du Mauritius
Dans le nouvel espace thématique de Port-Louis, consacré à l'archéologie sous-marine, une collection d'objets exceptionnels, provenant essentiellement des fouilles sous-marines dirigées par l'archéologue Franck Goddio, fondateur et directeur de l'Institut européen d'archéologie sous-marine, est mise en scène et en valeur. Ces objets proviennent des recherches effectuées sur les épaves de trois jonques, d'un galion et d'un vaisseau découverts sur les côtes philippines et au large du Gabon. Ils sont exposés simultanément avec une collection de canons retrouvés dans un état presque parfait sur l'épave d'un vaisseau hollandais le Mauritius, un trois mâts de 40 m. De retour de Chine à destination d'Amsterdam, le Mauritius, dont c'était seulement le deuxième voyage, est pris dans une tempête et s'échoue sur un banc de sable, au large des côtes du Gabon, avec à son bord 20.000 plateaux de zinc pur et 140 tonnes de poivre. "Le poivre valait alors plus que l'or", explique Georges Prud'homme. Dans un espace assez restreint valorisé par une scénographie originale, les spectateurs passent de salle en salle, entrant de plus en plus précisément dans l'univers sous-marin. Un système de médiation sonore et lumineux dominé par la couleur bleue, les transporte dans les profondeurs abyssales. Des films racontant les différentes étapes des fouilles et de la restauration des objets permettent au visiteur de "participer" avec les plongeurs aux recherches dans les épaves enfouies sous une chape de sédiments.

par Amer OUALI

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  AFP
24.06.2002