Le mobilier perdu de la cour des Valois

Alors que les galeries nationales du Grand-Palais s’intéressent à l’art décoratif sous Louis XIII et Anne d’Autriche, Blois tente de reconstituer le mobilier royal du XVIe siècle sous l’autorité des Valois. «Cette exposition a pour objectif de répondre aux visiteurs qui critiquent souvent le manque de mobilier dans le château le plus visité de la vallée de la Loire. Il s’agissait donc de donner une idée, à travers les cent pièces présentées, de ce qu’était un meuble de cette époque, c’est à dire sculpté, doré et peint», explique Thierry Crépin-Leblond, directeur du château et commissaire de l’exposition. Le mobilier royal de l’époque des Valois a disparu depuis la fin du XVIIe siècle. Les causes en sont multiples : les changements de mode, les pillages qui ont accompagné les guerres de Religion et le mauvais état de pièces qui voyageaient avec les souverains. Comment présenter les créations de cette époque avec de telles lacunes ? « Cette exposition est la conclusion de plusieurs années de recherches. Nous avons la chance de posséder, en France, un certain nombre de pièces de mobilier influencées par les créations royales. Ainsi, nous exposons le Lit du duc de Lorraine, prêté par le musée Lorrain de Nancy, pièce unique dans ce style Renaissance des années 1520. Parmi les pièces majeures, l’Armoire Arconati-Visconti du Louvre, qui a conservé sa polychromie, le Dressoir de Joinville(1524) provenant du château des ducs de Guise, et le Coffre d’Hercule (1546) qui traduit une influence italienne».

La dynastie des Valois commence en 1328 et s’achève en 1589 avec la mort d’Henri III. Après Louis XII (1498-1515), François Ier (1515-1547) s’illustre dans l’expansion de l’esprit Renaissance à la cour. Les dessins de Primatice, alors en charge du chantier de Fontainebleau, constitue une transition vers un style classicisant. « Le mobilier de cette époque avait pour caractéristique principale de conserver une structure médiévale en y apposant un décor abondant d’influence italienne. Le changement intervient sous Henri II avec le retour en architecture, puis dans le mobilier, d’un vocabulaire tiré de la Rome antique sous l’égide des architectes Philibert Delorme et Pierre Lescot. Quinze gravures de Du Cerceau et des portes en bois du château d’Anet témoignent de cette phase de transition».