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Patrimoine

Goya aussi rentre à la maison

Les Espagnols ont perdu le Mundial mais récupéré leur grand peintre. Il a fallu moins d’un an à la police pour trouver la trace des tableaux volés l’an dernier à Madrid dans la collection Koplowitz. Parmi eux, un Gris et un Pissarro mais aussi la célèbre Balançoire de Goya.


Juan Gris,
Guitare sur une chaise
© ADAGP
Un peu de baume au cœur après l’élimination du Mundial… L’un des tableaux les plus célèbres de Goya, cette Balançoire qui est trésor national, a été récupérée dans un hôtel madrilène, vendredi dernier. Neuf autres toiles de très grande valeur l’accompagnaient, notamment les Tentations de saint Antoine de Bruegel l’Ancien, Scènes de carnaval de Sorolla et Paysage à Eragny de Pissarro. Toutes avaient été dérobées le 8 août 2001 au domicile d’Esther Koplowitz, l’une des premières fortunes du pays. Lorsqu’ils ont été interpellés, les membres du gang, au nombre de trois, se préparaient à négocier la cession du tableau de Bruegel pour un million d'euros à… un agent du FBI. Ils avaient déjà été arrêtés au mois de décembre dernier mais relâchés par manque de preuves. Parmi eux figure un ancien gardien de la résidence. Cette complicité de l’intérieur explique la réussite spectaculaire de l’opération. Le témoignage du gardien, qui prétendait avoir été ligoté par les assaillants, n’a pas convaincu la police, à laquelle il a suffi de mettre sur écoute le téléphone du suspect pour arriver à ses fins.


José Gutierrez Solana,
Scène de carnaval
L’enquête se poursuit
Neuf œuvres sont toujours portées disparues : il s’agit de Guitare sur une chaise de Juan Gris, La Maison de poupées de Foujita, La Chute de l’âne (un autre Goya) ainsi que des tableaux de moindre renommée, dus à Carlos Haes, Anglada Camarasa, Francisco Pradilla, Emilio Sánchez Perrier, Luigi Loir. Si la récompense de 400 000 dollars, promise par le cabinet londonien Tyler & Co, reste toujours ouverte aux éventuels enquêteurs en herbe, les autorités espagnoles, par la voix du ministre de l’Intérieur, Mariano Rajoy, se montrent confiantes pour les pièces encore manquantes. Il restera ensuite à établir les mobiles du vol : simple tentative de diversification pour une bande active d’ordinaire dans le «secteur» bancaire ? Ou commande d’un riche particulier désireux de se constituer un musée secret ? Cette seconde hypothèse - qui semble se vérifier avec une fréquence croissante - a la faveur des policiers.


 Rafael Pic
25.06.2002