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Politique culturelle

La collection Kramar privée de sortie

Le gouvernement tchèque interdit le transfert des oeuvres pour l'exposition prévue au Musée Picasso à la fin de l'année.

Le gouvernement tchèque a interdit mercredi le transfert pour une exposition à Paris d'une collection de tableaux de la Galerie nationale de Prague par crainte de son éventuelle saisie dans le cadre d'une procédure de restitution en cours, a annoncé le ministre de la Culture Pavel Dostal.
Contenant des oeuvres de Pablo Picasso, Georges Braque, Paul Gauguin et Auguste Renoir, cette collection devait être exposée au Musée Picasso entre octobre 2002 et janvier 2003 à l'occasion de la "Saison tchèque", comprenant quelque 600 manifestations culturelles présentées à travers la France.
La collection comprend notamment des chefs-d'oeuvre de la période cubiste de Picasso et de Braque, achetés entre 1910 et 1913 à Paris auprès des marchands de tableaux Ambroise Vollard et Daniel Henry Kahnweiler par l'historien tchèque Vincenc Kramar (1877-1960).
Ses descendants réclament aux autorités pragoises la restitution de cette collection léguée par Vincenc Kramar, peu avant sa mort, à la Galerie nationale. Le gouvernement a pris en considération également une procédure en cours auprès d'un tribunal arbitral de Stockholm, liée au différend entre les autorités tchèques et le groupe CME de Ronald Lauder, sur un investissement dans la télévision privée tchèque Nova, a précisé le ministre tchèque.
Accusant l'Etat tchèque d'une protection insuffisante de son investissement en 1993 dans cette télévision, le groupe CME réclame un dédommagement de 526,9 millions de dollars, avec intérêts accumulés. "En cas de sa condamnation lors de la procédure d'arbitrage, la République tchèque sera obligée de verser ces sommes, mais ne sera pas obligée de voir ces biens (...) saisis", a déclaré à ce sujet M. Dostal.
La décision a été prise par onze des douze membres présents du gouvernement social-démocrate sur la base d'une expertise juridique, a-t-il ajouté.
La valeur de la collection - le gros d'une exposition permanente de la peinture française de la fin du XIXe et du début du XXe siècle de la Galerie nationale de Prague - est estimée à 16,25 milliards de couronnes (environ 560 millions d'euros).
Sa valeur artistique est pourtant "incalculable", estime le directeur de cette galerie, Milan Knizak.
Le président tchèque Vaclav Havel est "profondément déçu" par la décision du gouvernement, a déclaré le même jour le porte-parole de la présidence Ladislav Spacek.
Le chef de l'Etat tchèque se rendra du 16 au 18 juillet en visite de travail en France au cours de laquelle il rencontrera notamment son homologue français Jacques Chirac et visitera plusieurs projets s'inscrivant dans le cadre de la "Saison tchèque", tenue sous les auspices des deux présidents, a-t-il rappelé.

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  AFP
05.07.2002