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Patrimoine

Sous les bulldozers, un château médiéval

A Chypre, des archéologues ont découvert les vestiges d'un palais des Lusignan.

Des archéologues pensent avoir découvert les vestiges du premier palais de la dynastie française des Lusignan, qui régna sur Chypre de 1192 à 1489, sur le site du chantier du futur hôtel de ville de Nicosie.
«Ce n'est pas tous les jours qu'on tombe sur les vestiges d'un palais», s'extasie Pavlos Flourentzos, le directeur des du Service des antiquités de Chypre, qui explique que la construction du palais avait été achevée en 1211.
«C'est l'un des rares vestiges médiévaux. Il est d'autant plus important qu'il s'agit probablement du premier palais des Lusignan», ajoute-t-il.
Au début des travaux en juin, les bulldozers ont raclé des ruines. Rapidement, une équipe d'archéologues a été envoyée sur les lieux, avec pour mission d'évaluer en l'espace de deux semaines l'importance des vestiges.
Ils ont jusqu'ici dégagé un mur de quatre mètres de hauteur, les fragments d'une fresque, une épée rouillée, des morceaux de poterie et des pièces de monnaie des Lusignan.
«Ce que nous ignorons, c'est ce à quoi ressemblait le palais à l'époque et sur quelle superficie il s'étendait. Nous nous attendons à trouver plus au fur et à mesure que nous creuserons», explique M. Flourentzos.
Les Lusignan ont construit trois palais à Chypre durant leur règne, mais la localisation et l'apparence du premier restaient des mystères.
Du deuxième palais, il ne reste qu'une pièce, de style gothique, et le troisième, dans la partie nord, contrôlée par les Chypriotes-turcs, a été démoli par les Britanniques en 1904 parce qu'il menaçait de s'écrouler.
«Le deuxième palais a connu un destin fatal, il avait été détruit par les Mamelouks égyptiens au XVe siècle», indique M. Flourentzos.
Sur le site des fouilles, de nombreux archéologues passent le sol au crible. D'autres dégagent ce qu'ils pensent être le corps principal du bâtiment au milieu des restes de structures architecturales complexes.
«Nous ne savons pas si ces structures forment les murs extérieurs du palais ou ceux d'autres bâtisses, et ça prendra des années pour l'établir», indique le directeur des fouilles Yiannis Violaris.
Le mur nord du complexe porte les traces d'un incendie, témoin des destructions des Génois en 1373, comme le relatent les livres d'histoire.
A cette époque, Gênes rivalisait avec Venise pour la domination commerciale et politique de la région. Ils ne se sont pas attardés à Nicosie, où le règne des Lusignan se poursuivit, préférant prendre le contrôle du port commercial de Famagouste jusqu'à leur défaite en 1464 par Jacques II de Lusignan.
Le roi d'Angleterre Richard 1er, Coeur de lion, qui lança plusieurs Croisades prit Chypre en 1191. Un an plus tard, il l'offrit à son allié français Gui de Lusignan qui venait de perdre le royaume latin de Jérusalem devant Saladin. Les Lusignan se replièrent sur Chypre, où ils établirent une monarchie féodale qui régna trois siècles durant, période pendant laquelle le pays servit de base à de nombreuses attaques contre les musulmans jusqu'à ce qu'elle tombe aux mains des Vénitiens.
Chypre, qui vit se succéder au fil des siècles les dominations perse, grecque, égyptienne, romaine, byzantine et turque ottomane, est riche en vestiges historiques.
Certains sont découverts au hasard d'un chantier ou d'un projet de développement urbain, ce qui entraîne généralement un déplacement des constructions. «Si l'hôtel de ville et les ruines ne peuvent pas coexister, il faudra déplacer le premier», souligne M. Flourentzos.

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  AFP
06.07.2002