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Expositions

Farges ou la nature de l’art

Près de Saint-Nectaire, six artistes ont investi prés, carrières, chemins, mottes castrales et grottes…


Christine Maigne, bichines
© Muriel Carbonnet
Les plasticiennes ont chacune disposé d’un lieu pour créer des œuvres in-situ. Il n’y a qu’à suivre un petit parcours discrètement et poétiquement mis en scène par Sylvia Lidberg qui, comme le Petit Poucet, a semé des indices ça et là pour les visiteurs curieux. Plumes au vent, petits lutins malins dans les arbres, branches de bois au sol… ouvrent les portes des cinq autres univers : celui de sel de Delphine Gigoux-Martin, comme tombé du ciel ; celui architectural de Ruth Gurvich, confrontant des volumes différents ; celui « champignonesque » de Christine Maigne, pustules émergeant généreusement du sol ; celui de la « Folie » des vaches d’Annie Bascoul, dans lequel les bovins composent eux-mêmes un jardin éphémère ; et enfin, celui pierreux d’Albane Hoffmann.


Sylvia Lidberg, détail 3
© Muriel Carbonnet
Fil d’Ariane
La carrière du village de Farges, «ce trou du cul rocailleux et sublime»*, sert d'environnement narratif, symbolique et ornemental à cette dernière artiste. Ce lieu n’est pas pour elle qu’un élément parmi d’autres, il réunit tous les éléments dans une même étreinte. Eblouie par les feux du soleil, Albane Hoffmann a vu dans cette forme circulaire la plus juste expression de ce que devait être son œuvre in situ. Un jardin entrelacé de pierres est donc né, énigmatique. En arrivant à la carrière de la ferme Bellonte, par un sentier initiatique, on entre dans un monde complexe d’allées et d’étranges dessins.
Il faut du temps, du silence, et même de l’abandon pour y pénétrer. En dehors de tout discours, ce jardin émeut. La carrière est, tel un lieu d'échanges, un espace de médiations incessantes, née d'une mutation où la carrière a reçu une signification autre, sans perdre pour autant sa réalité originelle.
Le «mandala» imaginaire d’Albane Hoffmann se referme sur le visiteur en le livrant à sa solitude... sauf s’il échappe à temps de son emprise. Comme l’a suggéré un poète, l’entrelac célèbre le fil d’Ariane : cette ligne, qui va de regard en regard, permet de sortir à tout moment des labyrinthes de l’Histoire... ou d’une simple carrière perdue dans la Puy-de-Dôme.

* Jean Giono


 Muriel Carbonnet
09.07.2002